Page 227 - Desastre Toxicomanie
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ACTIONS PÉDAGOGIQUES
Pourquoi s’ émouvoir et pourquoi agir ?
La létalité et la toxicité des drogues sont insupportables. Elles
constituent une saignée épouvantable dans notre démographie
et dans le fonctionnement de notre société. Il devient difficile
de s’émouvoir de quelques dizaines de décès du fait de ceci, de
quelques centaines du fait de cela ; de quelques milliers, voire
dizaines de milliers du fait d’une guerre ou d’une catastrophe
naturelle, car ces circonstances sont exceptionnelles, non
reproductibles, inattendues et souvent inévitables. Les médias
en font leur pain quotidien, leurs produits d’appel, tandis que
simultanément, ils font l’impasse sur les énormes sinistres des
drogues. Ils oublient de marteler que chaque année, en France,
130.000 de nos concitoyens périssent victimes d’une addiction.
Ils omettent d’indiquer que ceux qui y survivent, par millions, ont
souvent une qualité de vie perturbée, voire très perturbée, par des
séquelles physiques, neurologiques, psychiques, psychiatriques et,
le cas échéant, des perturbations transmises à leur descendance ; sans
omettre : des bouleversements familiaux (séparation du conjoint,
des enfants, avec pour ces derniers les dégâts collatéraux que l’on
imagine) ; des problèmes professionnels (stagnation, interdiction
d’exercer dans certains postes, renvoi, chômage, marginalisation,
assistance) ; des problèmes sociaux. Plus difficilement quantifiable,
et pourtant si importante, la perte de l’estime de soi, avec, à l’heure
des bilans que chaque être est amené à faire, le constat d’un énorme
gâchis, qui peut accentuer l’engloutissement dans la drogue et/ou
inciter à une tentative de suicide, parfois « réussie » (pour environ
10 % d’entre elles) ; ces tentatives pouvant être récurrentes.
Conscient de cela, chacun de nous, dans une démarche
humaniste, de solidarité interhumaine, intergénérationnelle,
familiale, nationale, devrait se mobiliser pour prévenir chez autrui
(personnes proches ou éloignées) ces intoxications.
On me demande parfois : « Qu’est-ce qui vous fait courir ? »
Quelles sont les motivations de votre attitude souvent vindicative
contre les drogues et leurs prosélytes ?
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