Page 230 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                                 Actions pédagogiques



                 auxquels il s’expose délibérément (afin d’obtenir, en cas de besoin,
                 remboursements, prises en charge, aides, secours), il est par contre
                 peu disposé à respecter des règles visant à prévenir les risques
                 auxquels il s’expose, faisant semblant d’ignorer que par les risques
                 qu’il prend il expose aussi la société. Simultanément cette société
                 renonce à toute pédagogie, au point de s’effrayer d’effectuer une
                 « instruction civique » ; quand elle ne fait pas dans l’antipédagogie.
                 Ne dit-elle pas, par exemple, à ceux qui s’injectent des drogues
                 qu’elle  pourra  les  accueillir  dans  le  confort  de  salles  de  shoot,
                 qu’elle finance ? Ne laisse-t-elle pas dire que la légalisation des
                 drogues fait partie de ses options possibles ? Certains élus de la
                 Nation le profèrent même sans retenue.
                   À partir d’une réflexion trop rapide, j’ai pesté autrefois contre
                 le port obligatoire de la ceinture de sécurité ; j’argumentais alors
                 que  celui  qui  s’en dispensait  n’était  dangereux  que  pour lui-
                 même. J’ajoutais parfois que cette  ceinture  pouvait empêcher
                 d’extraire  un accidenté  de son véhicule  prenant feu (argument
                 utilisé bien plus souvent que le nombre de fois où cela a pu être
                 déploré). L’accident survenu à un bon ami m’a fait reconsidérer
                 mon raisonnement. À grande vitesse, sans ceinture de sécurité,
                 ce pauvre copain le paya d’une paraplégie, suivie d’une dizaine
                 d’interventions. Il survécut quelques années, pendant lesquelles il
                 fut assisté à tous égards.
                   Les conséquences matérielles de nos transgressions s’effectuent
                 désormais aux frais de la collectivité, dont les moyens ne sont pas
                 illimités (même si la France fonctionne, de longue date, largement
                 à crédit). Avant que nos prêteurs refusent de nous accorder tout
                 crédit supplémentaire,  nous  devons réduire le recrutement  des
                 victimes évitables, afin d’alléger le poids d’une assistance devenue
                 d’un niveau insupportable.
                   La gestion des toxicomanies devrait s’inspirer de ce qui a été
                 fait pour réduire les accidents de la route et la mortalité associée.
                 Elle doit conjuguer : une information claire ; une pédagogie forte ;
                 une surveillance étroite ; des peines dissuasives, appliquées sans
                 faiblesse. S’agissant, par exemple, des conséquences routières des
                 toxicomanies, il faut « clouer le bec » aux lobbies qui s’élèvent
                 contre  les  contrôles  d’alcoolémie  et  d’autres  stupéfiants,  et  la


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