Page 23 - Desastre Toxicomanie
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Chapitre I
Drogues, toxicomanies, addictions
Il est utile de définir les termes : drogue, toxicomanie, addiction ;
pour échapper à une confusion babélienne (de la tour de Babel).
« Mal nommer les choses ajoute du malheur au monde » disait
Albert Camus. Le débat sur les drogues est difficile, conflictuel,
y compris au sein de la communauté addictologique, car elle est
polluée par une idéologie héritée des éruptions de mai 1968, par
des intérêts contradictoires et par des appétits qui prennent le pas
sur les aspects sanitaires.
Une drogue est une substance aux effets psychotropes (i.e.
modifiant le psychisme) susceptible d’engendrer une toxicomanie.
C’est une substance toxicomanogène, on dit souvent désormais
addictive (et autrefois génératrice d’assuétude).
Ce mot drogue ne doit pas être confondu avec le mot anglais
« drug », qui correspond aux termes français de médicament
et/ou d’agent pharmacologique. Pour accéder à la dignité de
médicament, un agent pharmacologique doit satisfaire à un
certain nombre de critères rigoureux. Il existe ainsi beaucoup plus
d’agents pharmacologiques que de médicaments. Ces critères
rigoureux ont évolué dans un passé récent ; le ministère de la
Santé, en 2014, s’étant affranchi de certains d’entre ceux qui
prévalaient jusqu’alors, pour autoriser la mise sur le marché d’un
« médicament » associant deux cannabinoïdes (le Sativex ), après
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avoir pris un arrêté autorisant le cannabis en thérapeutique.
La confusion des termes drogue et drug, est le fait
d’anglophones approximatifs (nombreux en France). Cette
confusion semble parfois délibérée, entre le médicament (ayant
un objectif thérapeutique, prescrit dans le dessein de guérir ou
à tout le moins d’apaiser) et une drogue (utilisée au départ à la
recherche de plaisir, dont l’usage débute souvent dans un contexte
récréatif, ludique, et dont la consommation s’emballe au point de
devenir irrépressible, compulsive, pour éviter l’inconfort de sa
privation. Les anglais traduisent le mot drogue français, dans sa
bonne assertion, par l’expression « drug of abuse » ; ce que nos
anglophones approximatifs traduisent « drogue d’abus », ce qui est
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