Page 26 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                       Drogues, toxicomanies, addictions



                 plaisir. L’ayant éprouvé par la consommation d’une substance ou
                 la pratique d’un comportement, il a une propension, une tendance
                 naturelle, à vouloir réitérer sa consommation, ou à s’adonner de
                 nouveau à ce comportement, pour reproduire, entretenir, prolonger
                 ce plaisir. L’Homme organise sa niche écologique, son mode de
                 vie, afin de percevoir d’une façon optimale ce qui lui procure du
                 plaisir.
                   L’analyse  du déroulement d’un banquet  révèle  les subtiles
                 associations qui, d’une façon non fortuite, à la façon d’un mille-
                 feuille, édifient une sensation de plaisir. Ce plaisir s’éveille dès la
                 lecture du menu, qui met en valeur ce que chaque met a de plus
                 sialagogue. Alors intervient une alcoolisation  primaire, qui fait
                 appel à un apéritif d’un haut degré alcoolique (18° pour le Porto,
                 40° pour le Whisky) ; cette « dose de charge » amène rapidement
                 l’alcoolémie à un niveau qui délie la langue, qui désinhibe et rend
                 euphorique  ; il  s’y associe  éventuellement  la  saveur sucrée  de
                 certains apéritifs (muscats, Sauternes, punchs…). L’œil participe
                 au plaisir du banquet en s’attardant à la contemplation des mets,
                 présentés avec des préoccupations esthétiques croissantes. Au fil
                 du repas, l’hypoglycémie  (taux  sanguin du glucose  inférieur  à
                 un gramme par litre de sang) qui souvent le précédait, se répare
                 (1 g/L) et même va nettement au-delà (>1,50 g/L). Non seulement
                 le malaise qui l’accompagnait s’efface, mais il fait place à une
                 sensation de plaisir. Après l’apéritif,  l’alcoolisation  se poursuit
                 par la succession de vins blancs, rouges, voire de Champagne au
                 dessert. Ce dessert, riche en sucre, est suivi du café (souvent sucré)
                 apportant sa caféine. Il est désormais presque systématiquement
                 accompagné d’un carré de chocolat noir qui comporte, outre sa
                 caféine  et  sa théobromine,  de la  phényléthylamine,  ainsi que
                 de l’anandamide,  autant  d’éléments  ayant  des effets addictifs.
                 En prime,  parfois (mais  de moins en moins fréquemment,  car
                 la maréchaussée peut être en faction à la sortie du parking), le
                 « digestif  » peut  majorer  le  niveau  d’alcoolisation. Constatons
                 enfin qu’un certain nombre de restaurants sont aussi des hôtels ; ils
                 permettent parfois d’aller conclure, dans une chambre à l’étage, la
                 « négociation » qui s’est engagée à table... Ces éléments successifs
                 bâtissent un  édifice  hédonique  imposant ;  c’est  «  le  plaisir des


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