Page 31 - Desastre Toxicomanie
P. 31

Le désastre des toxicomanies en France               Drogues, toxicomanies, addictions



                   à la copulation qui permet sa reproduction). Sa mise en jeu par le
                   fait de boire, de manger, de copuler, est source de plaisir. Ainsi, la
                   physiologie s’est assurée que leur exercice, étant source de plaisir,
                   serait pratiqué d’une façon régulière. Ce faisant, elle comporte le
                   risque de leurs sollicitations excessives et de leurs débordements
                   préjudiciables (le trop est l’ennemi du bien ; et si le pire n’est jamais
                   sûr, il peut le devenir car le sir n’est jamais pur). La fréquence
                   de ces sollicitations varie de l’un(e) à l’autre d’entre nous. Sur le
                   versant de l’excès, on connaît les potomanes (qui boivent trop), les
                   obèses (qui mangent trop) et les « bêtes de sexe »...
                      L’Homme, plus insatiable que toute autre espèce, manifeste un
                   besoin de plaisir plus important que les autres espèces animales.
                   Il a même parfois érigé la douleur en plaisir (masochisme) ; ou
                   transformé la faim en plaisir (anorexie mentale)... Pour solliciter
                   intensément son système de récompense, l’Homme vient à recourir
                   à des éléments lui procurant du plaisir sans effort ; le plaisir à la
                   demande, instantanément, hic et nunc (ici et maintenant). Certains
                   sollicitent des prostituées ; d’autres une masturbation compulsive ;
                   les toxicomanes recourent à l’ingestion, à la prise/le sniff, à la
                   mastication, à l’inhalation, à l’injection, d’une drogue… qui sont
                   autant  de  moyens  pour  faire  couler  à  flot  la  dopamine  dans  le
                   noyau accumbens.
                      Après le plaisir, le déplaisir ; après le trop plein, le vide. Plagiant
                   Pierre Corneille : Quand l’effet se recule, le déplaisir apparaît et
                   le désir s’accroît. L’élimination/la  disparition  de la drogue de
                   l’organisme est associée à une chute de la concentration synaptique
                   de dopamine dans le noyau accumbens. Au plaisir fait suite alors le
                   déplaisir, qui suscite l’envie intense de reprendre la drogue. Lors
                   des premières consommations d’une drogue, l’expérimentateur
                   qui éprouve du plaisir est incité à passer de son usage erratique
                   (l’us) à une consommation à haute fréquence et souvent à doses
                   croissantes, l’abus. Le plaisir vient à s’effacer (tolérance), les
                   automatismes, les stéréotypies s’installent, en même temps qu’un
                   nouvel équilibre physiologique (une nouvelle homéostasie) et,
                   plus ou moins rapidement selon les drogues, au plaisir, fait place
                   un besoin tyrannique. Ce besoin est d’autant plus pressant que
                   la privation de la drogue, l’abstinence, fait émerger des troubles


                                                 31
   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36