Page 29 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Drogues, toxicomanies, addictions
(selon l’expression élégante de Philippe Bouvard, pour désigner
la copulation), mobilise, lui aussi, des cibles biologiques, des
neuromédiateurs, des récepteurs différents de ceux d’autres
promoteurs du plaisir. Toutes ces sources de plaisir, à partir des
cibles biologiques différentes qu’elles sollicitent, par une voie
finale commune, prenant appuis sur les neurones dopaminergiques
méso-accumbiques, suscitent une intense libération de dopamine
dans le noyau accumbens. Quand se trouvent versés dans cet
« entonnoir dopaminergique du plaisir », diverses substances ou
différents comportements, il en résulte un écoulement de dopamine
qui fait éprouver une sensation de plaisir.
Les drogues (on a déjà cité la caféine et l’alcool), toutes
les drogues, affectent ce « système de récompense », dont les
neurones dopaminergiques méso-accumbiques constituent la
pierre angulaire. Chaque drogue, en appuyant sur une pédale,
(de façon plus académique) en stimulant un récepteur qui lui
est souvent particulier (en fait commun à sa famille d’origine,
faisant distinguer, par exemple, la famille des cocaïniques,
celle des amphétaminiques, celle des morphiniques, celle des
cannabinoïdes…) intensifie la transmission dopaminergique
dans le noyau accumbens, et ainsi accroît la concentration extra-
neuronale (synaptique) de dopamine dans ce noyau. Il en résulte
une intensification de la stimulation des récepteurs de la dopamine
présents dans ce noyau.
Il n’existe pas de récepteurs spécifiques pour l’alcool. Il
interagit néanmoins avec un canal de la membrane de certains
neurones, qui permet l’entrée en leur sein d’ions chlorure (Cl ),
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ayant pour effet de réduire leur activité électrique. L’ouverture
de ce canal est gérée par un neuromédiateur, l’acide Gamma
Amino Butyrique (GABA). C’est par ce mécanisme que, d’une
façon indirecte, l’alcool accroît l’activité électrique des neurones
dopaminergiques méso-accumbiques.
La caféine (du café, du thé, du chocolat) agit en interférant avec
la fonction d’un neuromédiateur, l’adénosine (auquel on connaît
quatre types de récepteurs). Le blocage qu’opère la caféine de
ses récepteurs du type A , associés aux boutons synaptiques des
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neurones dopaminergiques méso-accumbiques, intensifie leur
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