Page 32 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Drogues, toxicomanies, addictions
psychiques, auxquels peuvent s’ajouter des manifestations
physiques. La dépendance psychique peut se doubler d’une
dépendance physique. Cette dernière est particulièrement marquée
pour l’héroïne et divers autres morphinomimétiques/morphiniques.
« Il n’y a pas de drogués heureux » disait l’addictologue Claude
Olievenstein. Paraphrasons Victor Hugo (dans Oceano nox) : Oh
! Combien de sujets non informés, combien d’adolescents qui
ont débuté joyeux la consommation d’une drogue se sont laissé
engloutir et n’en sont jamais revenus. Paraphrasons aussi Jean de
La Fontaine (dans Les animaux malades de la peste) : Ils n’en
mourront pas tous, mais tous seront frappés…
S’agissant du tabac, qui peut prétendre que le fumeur plongeant
sa main dans une poche pour en extraire la douzième cigarette
de la journée, est dans le plaisir. Bien plus que l’habitude, c’est
un besoin impérieux qui lui fait quitter son bureau bien chauffé,
abandonner un travail qui pouvait être prenant ou urgent, pour
aller sur un trottoir glacé, sous le regard compatissant ou narquois
des passants, allumer une n ième « clope », afin d’apaiser le malaise
qui montait en lui. « Tirer » sur sa cigarette l’apparente au rat de
Olds et Milner qui appuyait sur sa pédale.
La limite supérieure de la consommation d’une drogue est réglée
par l’émergence des effets aversifs, dissuasifs qui apparaissent à
partir d’une certaine dose. Chaque drogue a des effets attrayants
(« appétitifs ») et des effets dissuasifs (« aversifs »). Au cours des
usages successifs, les effets appétitifs vont crescendo tandis que
les effets aversifs diminuent.
La première cigarette peut susciter des nausées, voire des
vomissements, parfois une diarrhée. Ces troubles diminuent au fil
des cigarettes ultérieures, pour disparaître. La consommation de
seulement quelques cigarettes peut suffire à effacer les effets aversifs
et exacerber leur effet appétitif ; bref, à installer la dépendance.
La première gorgée de bière, par son amertume, suscite chez
l’enfant des grimaces. Cette mauvaise impression, brève, est
bientôt revisitée, à l’aune des effets produits par l’alcool, arrivant
un peu plus tard au cerveau, et qui suscite alors désinhibition,
gaieté, euphorie, rires, état joyeux, sensation de plaisir, par une
libération accrue de dopamine dans le noyau accumbens. Lors
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