Page 35 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France               Drogues, toxicomanies, addictions



                   dessus ; ce serait comme si le toxicomane abandonnait le tabac
                   pour fumer du cannabis. Dans la polytoxicomanie, le toxicomane
                   ajoute au tabac du cannabis, puis une autre drogue, puis une autre
                   encore, sans abandonner les précédentes. Cela correspond à une
                   ascension sur « l’échelle des toxicomanies » qu’on décrira plus
                   loin. Rien à voir avec l’échelle de Jacob, car au lieu de monter au
                   ciel, elle descend dans l’enfer des toxicomanies.
                      On peut situer le premier barreau de l’échelle des toxicomanies
                   au niveau des méthylxanthines : caféine, théophylline, théobro-
                   mine, paraxanthine (des cafés, thés, chocolats, Cola…).
                   Juste au-dessus se trouve le barreau du tabac (prisé, chiqué, fumé).
                   Au-dessus encore est celui de l’alcool, des premix (en France ; des
                   alcopops au Royaume-Uni), des bières, vins et spiritueux.
                   Au-dessus, c’est  le  barreau  du  cannabis  et  des  cannabinoïdes
                   (parfois ingérés mais surtout fumés).
                   Puis c’est le  barreau  des cocaïniques  (cocaïne  et  succédanés,
                   cathinone...).
                   Puis le barreau des amphétaminiques.
                   Puis celui des morphiniques d’intensité moyenne (codéine,
                   tramadol, buprénorphine).
                   Puis celui des morphiniques forts (dont la morphine elle-même, la
                   méthadone, le fentanyl...).
                   Et,  enfin,  au  sommet  de  cette  échelle,  constituant  son  plus
                   haut barreau, celui de l’héroïne (dérivé hémi-synthétique  de la
                   morphine), injectée par voie intraveineuse, parfois sniffée.
                      Cette gradation correspond à l’ordre dans lequel nous allons
                   présenter chacune de ces familles de drogues.


                      Un  distinguo a longtemps  prévalu, entre drogues  douces
                   et  drogues  dures.  Il  reposait  essentiellement  sur l’existence
                   ou non d’une dépendance  physique.  Toutes les drogues, par
                   définition, donnent lieu à une dépendance psychique ; en termes
                   neurobiologiques, elles font toutes « couler de la dopamine dans
                   le noyau accumbens », activité  qui leur est, en quelque sorte,
                   forfaitaire. Certaines drogues induisent de plus une dépendance
                   physique telle que le  consommateur  qui vient  à en être  privé,
                   souffre péniblement,  non seulement  dans son psychisme


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