Page 39 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France               Drogues, toxicomanies, addictions



                   d’utilisation,  leurs principaux  méfaits  physiques, psychiques,
                   voire psychiatriques, l’évolution de leur marché, les subterfuges
                   des producteurs et des dealers, ainsi que les réponses étatiques et
                   sociétales.

                   Bonheur et plaisir sont-ils liés ?

                      Au lycée,  une composition de « philo » avait  pour sujet :
                   « Bonheur et plaisir sont-ils liés ? » Tête baissée, j’avais développé
                   qu’ils  étaient  indissociables :  pas  de  bonheur  sans plaisir  ;  le
                   bonheur m’apparaissant comme la somme du plus grand nombre
                   des plaisirs possibles. Dans les cinquante années qui ont suivi, «
                   le tourbillon de la vie » et maints sujets de réflexions comme la
                   recherche en offre tant, ont déplacé le champ de mes interrogations.
                   Aujourd’hui, étant plus disponible pour rechercher une cohérence
                   à  ce  que  j’ai  vécu  et  observé,  je  renoue  (modérément)  avec
                   certaines  interrogations  philosophiques.  Ce  sujet  de  philo  a
                   ressurgi, à propos de l’attention que je porte aux drogues et aux
                   toxicomanies. Ma réponse est devenue toute autre que celle que
                   j’avais donnée autrefois.
                      Je perçois le toxicomane comme un être en quête de plaisir
                   (pris dans un sens restrictif). Sa sollicitation est sous-tendue par
                   l’apaisement qu’il recherche à un mal-être, à une incomplétude,
                   aux cicatrices psychologiques d’une enfance  malmenée  et/ou à
                   des troubles anxieux ou dépressifs… Quand il a expérimenté un
                   agent psychotrope aux effets addictifs (donc une drogue), il en
                   ressent un plaisir supérieur à celui éprouvé par le commun des
                   expérimentateurs, n’ayant pas de grands problèmes existentiels,
                   mobilisés  dans l’action  (« le  travail  est  le  meilleur  moyen
                   d’escamoter  la  vie  » disait  Gustave Flaubert,  se référant  aux
                   problèmes existentiels).
                      Des sensibilités individuelles peuvent dissuader de consommer
                   certaines drogues. Les vomissements de la première cigarette ou
                   du premier « plumet » alcoolique ; le « bad trip » (expérience
                   pénible) du premier « joint » de cannabis, sont une chance pour
                   ceux qui les ont subis, car elle leur enlève l’envie d’y revenir ;
                   les effets dissuasifs l’ayant emporté sur les effets appétitifs (dits
                   encore « de récompense »). D’autres sensibilités  individuelles


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