Page 38 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                       Drogues, toxicomanies, addictions



                 une « drogue douce », afin de le rendre licite, alors que diverses
                 preuves de la dépendance physique qu’il peut induire se trouvaient
                 réunies. Ceci redoubla leur souhait de procéder à ces modifications
                 sémantiques.  Aussi, à tout considérer, sans être dupes de la
                 manœuvre, acceptons d’abandonner la dichotomie « douces » vs.
                 « dures ». Le qualificatif « doux » était banalisant pour le tabac,
                 avec  ses 79.000 morts  annuelles  et  ses multiples  estropiés.  Il
                 l’était aussi pour l’alcool, avec ses 49.000 morts annuelles et ses
                 multiples épaves. Dans cette « manipe », les uniformisateurs ne
                 manquaient pas d’introduire l’assertion « le cannabis, lui, ne tue
                 pas ! ». Ce qui est faux, hélas, puisqu’il peut tuer et même souvent,
                 comme on le détaillera plus loin.

                   Nous avons quitté le patient « addicte »/« accro » à l’héroïne
                 dans le piteux état de son syndrome d’abstinence qui l’amène à
                 la pharmacie pour acquérir le Néocodion , destiné à apaiser ses
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                 troubles, car le dealer ne l’a pas livré, ou parce qu’il n’avait pas
                 d’argent pour acheter sa « came ». Voilà l’aboutissement de l’abus
                 de cette drogue : ce « pauvre type » (dit de façon non péjorative) ;
                 « pauvre » (car très malheureux), qui n’est pas un « sale type »
                 (même si, pour satisfaire son besoin tyrannique d’héroïne, il peut
                 en venir à s’adonner à des actes délictueux : vol avec effraction
                 dans une pharmacie, visant l’armoire des stupéfiants ; vol de la
                 caisse d’un commerçant ; arrachage du sac d’une vieille dame ;
                 prostitution pour obtenir l’argent de sa drogue…). Les « sales
                 types », en l’occurrence, ce sont ceux et celles qui l’ont piégé, par
                 des messages biaisés, parfois incitateurs, ou par leur permissivité,
                 leur  démagogie,  leur  pédagogie  (ou plus souvent l’absence  de
                 celle-ci), leurs « scandaleuses complaisances », des dispositions
                 législatives, décrets, circulaires en trompe-l’œil, que la puissance
                 publique ne s’est pas appliquée à faire respecter, au point même
                 d’instaurer des « salles de shoot »… nous y reviendrons. Citons
                 ici le Cardinal de Retz : « Faire une loi et ne pas la faire exécuter,
                 c’est autoriser la chose qu’on veut défendre ».
                   On a situé dans leur ordre croissant sur l’échelle  des
                 toxicomanies, chacune des principales drogues dont on précisera :
                 l’origine, les modalités de consommation, leur fréquence relative


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