Page 36 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                       Drogues, toxicomanies, addictions



                 (« dans sa tête »), mais de plus dans son corps (physiquement). La
                 tyrannie du besoin, sous ce double aspect, psychique et physique,
                 est intense.
                   Dans ses expressions psychiques, la privation (ou abstinence)
                 se traduit, à des degrés divers, par : une adynamie ; une irritabilité ;
                 une morosité qui va jusqu’à la tristesse ; une irritabilité ; une aboulie ;
                 une anxiété ; un mal-être, qui peut confiner à la dépression, à la
                 mélancolie (expression extrême de la dépression). Privé de plaisir,
                 le sujet, malheureux, focalise ses pensées sur un objectif unique :
                 accéder à nouveau à sa drogue. Il fera le tour de la ville à la
                 recherche d’une civette encore ouverte, pour acquérir le paquet de
                 cigarettes sans lequel sa soirée va être fichue, ratée, pourrie. S’il
                 ne brise pas la vitrine du buraliste pour lui voler des cigarettes,
                 par contre il sonne à la porte de son voisin de palier, qu’il sait
                 fumeur ; il ne le saluait pourtant jamais, mais là, sans vergogne, il
                 lui demande de « le dépanner de trois « tiges »/« clopes » pour la
                 soirée »…
                   Avec  les  drogues  qualifiées  de  «  dures  »,  telles  les
                 morphiniques, l’abstinence ajoute aux troubles psychiques, que
                 l’on vient d’évoquer, des manifestations  physiques. Il pourra
                 s’agir : de troubles digestifs (à type de borborygmes, de douleurs
                 abdominales,  de diarrhées) ; de douleurs diffuses (myalgies)  ;
                 d’une sensibilité exagérée (hyperesthésie) qui transforme en
                 sensations douloureuses des stimulations  qui normalement  ne
                 l’étaient  pas ;  d’une  photophobie  (intolérance  à  la  lumière)  ;
                 d’une insomnie ; de troubles du rythme cardiaque ; d’une sudation
                 abondante ; de bâillements ; de vertiges… Le sujet se sent mal,
                 très mal. Il est prêt à tout pour sortir de cette situation infernale,
                 qu’il ressent comme dramatique. Il est alors totalement fermé à la
                 raison. Ce n’est pas le moment de lui prodiguer des conseils, de
                 lui « faire la leçon », de lui faire prendre de bonnes résolutions ;
                 « il se fout de tout » ; il acquiesce à tout ce qu’on lui demande. Son
                 soulagement ne peut provenir que de l’administration de sa drogue
                 ou d’un succédané, fut-il d’une moindre efficacité (la codéine, le
                 Néocodion  de la pharmacie du quartier).
                           ®
                   Les drogues « douces » sont licites,  tandis  que les drogues
                 « dures » sont illicites. Il est interdit de les importer, de les vendre,


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