Page 260 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Guerre au tabac
films d’autrefois, irradiant la puissance et suscitant l’admiration,
alors qu’il fumait à larges bouffées sa cigarette, il faut substituer
désormais le pitoyable spectacle des dernières semaines d’une
victime d’un cancer du poumon, décharné, s’épuisant à capter
l’air que ses poumons ne peuvent plus recevoir. Les images fortes
des accidents de la route provoqués par l’ivresse ou par l’usage
du téléphone mobile au volant, devraient inspirer les messages à
diffuser. Les jeunes supportent mieux l’idée de la mort que l’idée
de la souffrance qui, d’ailleurs, interpelle à tout âge.
L’inscription sur les paquets de cigarettes des risques mortels
encourus, ou des lésions induites par le tabac, ne sont pas sans effet ;
même s’il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre,
ni plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Il semble que 70 %
des fumeurs désireraient arrêter le tabac mais (addiction, quand
tu nous tiens) cela confine à une velléité. De plus, l’excès en tout
nuit, au point d’installer surdité et cécité (comme l’escargot se
protège en rentrant dans sa coquille). Il faut émettre des messages
successifs, en espérant que l’un d’eux ou quelques-uns parviendra/
parviendront à fissurer l’armure du déni, en passant par une étroite
fenêtre de réceptivité.
Parmi ces messages, on pourrait insister : aujourd’hui sur les
conséquences négatives du tabac sur les performances sportives ;
demain sur ses conséquences néfastes sur l’érection masculine ;
après demain sur la modification du teint et le vieillissement
cutané de la fumeuse ; puis serait révélé le fait qu’une femme sur
trois qui aborde une grossesse est dans l’incapacité/l’impossibilité
d’arrêter le tabac.
Il faudrait insister sur la toxicité de l’oxyde de carbone et faire
opérer sa mesure, de façon comparative, chez les élèves fumeurs et
non-fumeurs, au cours de séances de travaux pratiques de sciences
naturelles au lycée.
On détaillerait les statistiques de la mortalité et de la morbidité
tabagique, sans se priver d’anticiper leur évolution prévisible, pour
le cas où la consommation se poursuivrait aux niveaux actuels ;
on analyserait, pour les dénoncer, les subterfuges mis en œuvre
par les industriels du tabac pour prendre les jeunes au piège de la
consommation. Ce n’est qu’en 1988 que l’on a cessé d’offrir des
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