Page 259 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                              Guerre au tabac



                   dans une étude de West et coll., Brit. Med. J., 2013 : Performance
                   of English stop smoking services in first ten years : analysis of
                   service monitoring data. Un premier entretien avec le fumeur est
                   l’occasion de lui présenter les diverses options disponibles pour
                   arrêter de fumer en arrêtant une date pour la mise en œuvre de l’une
                   d’elles. Un second entretien intervient le jour du démarrage de la
                   tentative d’arrêt du tabac ; d’autres entretiens s’effectuent toutes
                   les semaines pendant un mois, afin de maintenir la motivation, de
                   donner quelques conseils pour apaiser l’envie de fumer, pour aider
                   à supporter les effets indésirables, pour renforcer la motivation ou
                   lutter contre la démotivation ; pour optimiser l’usage des substituts.
                   Sur la population étudiée, ces entretiens ont eu un effet significatif
                   sur l’arrêt de la consommation (+15 %) relativement à la seule
                   prescription de substituts médicamenteux. Le surcoût généré par
                   ces interventions chez les sujets sevrés à 4 semaines est estimé à
                   130 €. Mais cette victoire obtenue à un mois ne persiste un an plus
                   tard que chez 30 % des sujets qui étaient sevrés à un mois.
                      À  la  publicité  éhontée  dont  a  bénéficié  la  cigarette  dans  le
                   passé, il convient de substituer maintenant des messages anti-tabac,
                   bien conçus, percutants, adaptés à ceux à qui ils s’adressent
                   (les jeunes en particulier). Il faut traquer les sollicitations sour-
                   noises opérées par des photos volées de personnalités  emblé-
                   matiques  avec  la  cigarette  à  la  bouche,  ou  encore  l’apparition
                   dans des scènes cinématographiques de personnages, suscitant
                   admiration  ou sympathie, en train de fumer. On imagine, sans
                   trop forcer sa paranoïa, que l’industrie du tabac est en mesure de
                   sponsoriser des films comportant de telles scènes. On fit grand
                   cas, il y a quelques années, de l’affichage dans le métro d’une
                   photo  empruntée  au  film  «  Mon  oncle  »  de  Jacques  Tati,  sur
                   laquelle l’oncle avait une pipe à la bouche. Pour moquer ceux qui
                   avaient dénoncé ce choix, la pipe fut remplacée par un moulin à
                   vent d’enfant. Dire et contredire, c’est entretenir le débat et l’idée
                   véhiculée. Faire penser au tabac c’est susciter son appétence. Une
                   nouvelle formulation du « Notre Père » catholique dit « ne nous
                   laisse pas entrer en tentation ».  Toutes ces postures, habiletés,
                   contorsions,  manœuvres  sournoises, doivent  être  traquées,
                   révélées et combattues.  Au  cow-boy qui apparaissait dans les


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