Page 256 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                                      Guerre au tabac



                 du tabac que les filtres (éventuels) ne parviennent pas à retenir. En
                 2003, un pharmacien chinois, Hon Lik (dont le père serait décédé
                 d’un cancer du poumon provoqué par son tabagisme) a conçu la
                 cigarette  électronique/e-cigarette/vapoteur. Sa vente, après une
                 lente  progression,  a  virtuellement  explosé. Ainsi,  fin  2013,  des
                 13 à 14 millions de fumeurs en France, un million d’entre eux
                 y recouraient déjà. Ces vapoteurs, à chaque aspiration, délivrent
                 de la nicotine. La nicotine, en solution, est vaporisée au contact
                 d’une résistance électrique, portée à une haute température, par le
                 courant électrique produit par une petite batterie rechargeable. Son
                 apport s’effectue sans combustion de l’élément végétal, c’est-à-
                 dire sans être associé aux nombreux toxiques émanant du tabac, en
                 particulier, les goudrons cancérigènes et l’oxyde de carbone (CO).
                 Cet oxyde de carbone, le gaz des cokeries d’antan (alors présent
                 dans le gaz domestique), peut encore émaner des poêles au tirage
                 défectueux. C’est un poison de l’hémoglobine, à laquelle il se lie
                 intensément (dans les globules rouges), empêchant le transport de
                 l’oxygène, depuis les poumons qui le captent, jusqu’aux organes
                 qui le consomment.
                   Parmi les inconvénients  du vapoteur, notons : l’entretien  de
                 l’addiction  à la  nicotine,  dont la  toxicité  cardio-vasculaire  est
                 avérée ; la persistance de la gestuelle du fumeur, qui contribue
                 à son ancrage dans l’habitude de la cigarette ; la perception de
                 l’échauffement de la gorge par les vapeurs (« heat throat ») qui
                 contribue,  sur un mode pavlovien,  à l’addiction  ; l’éventuelle
                 toxicité  des éléments  associés à la solution de la nicotine,  tel
                 le  polyéthylène glycol,  dont la  combustion  peut  engendrer  des
                 aldéhydes  toxiques, formol, acroléine...  (mais  à un niveau  très
                 inférieur à ceux trouvés dans la fumée de cigarette. Ces réserves
                 sur le  vapoteur devaient  être  exprimées,  cependant,  elles  ne
                 doivent pas être l’arbre qui cache la forêt de ses intérêts manifestes.
                 Le drame tabagique est tel, qu’on doit marquer de l’intérêt pour
                 tout ce qui peut le réduire. De plus le vapoteur peut être mis au
                 service de la décroissance des doses de nicotine, pour aboutir à
                 l’abstinence ; puisqu’il existe des cartouches ayant des dosages
                 décroissants de nicotine (20, 15, 10, 5 mg). Ce dispositif n’expose
                 pas  significativement  au  tabagisme  passif  les  personnes  situées


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