Page 303 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France
REGARD SUR UN QUART DE SIÈCLE
EN ARRIÈRE
Furetant récemment dans les caisses d’un bouquiniste, je suis
tombé en arrêt sur un livre intitulé « Les drogues ; trafic et conta-
gion ».Outre le très vif intérêt que je porte à ce sujet, je fus
interpellé par le nom de son auteur, le défunt professeur Pierre
Deniker. Prestigieux il l’est, entre autres, par sa participation
majeure à la découverte et à la promotion du premier médicament
antipsychotique, la chlorpromazine : le Largactil . Il fut, avec le
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professeur Jean Delay, le pionnier de la psychopharmacologie ;
la science des médicaments psychotropes ; ces médicaments qui,
au cours du dernier demi-siècle, ont transformé la prise en charge
des affections mentales. Le professeur Deniker fut titulaire du prix
Lasker (dans lequel certains voient l’équivalent du prix Nobel
de médecine). Il fut chef du service hospitalo-universitaire de
psychiatrie de l’hôpital Sainte Anne (Paris) et membre titulaire de
l’Académie nationale de médecine. Il créa une école psychiatrique,
dont les éminents continuateurs ont été les professeurs Henri Lôo
puis Jean-Pierre Olié. Ce livre m’était inconnu, ce fut donc une
découverte. Traitant d’un sujet aussi important que les drogues,
écrit par cette illustre personnalité, ce livre aurait dû être un
véritable « best-seller », un ouvrage de référence. Il ne le fut pas,
car manifestement il dérangeait ceux qui font la pluie et le beau
temps dans le monde de la presse et de la publicité. J’ai interrogé
les éditions Plon sur l’importance de sa diffusion, alors qu’il fut
édité pour la première et dernière fois en 1988 (il y a donc plus
de 25 ans, le temps d’une génération), mais n’ai pas obtenu de
réponse.
Les livres les plus importants ne sont pas les plus lus, ajoutez à
cela que lorsqu’ils traitent de sujets qui dérangent ils peuvent être
efficacement occultés ; surtout pas contestés, cela leur ferait de la
publicité.
J’ai dévoré ce livre, l’appétit stimulé par les réflexions et constats
dont il traite. Ma réflexion, débutée il y a une vingtaine d’années,
n’avait pu être influencée par son message si tardivement découvert.
Aussi, je suis très impressionné par la proximité de nos ana-
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