Page 299 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Pour une gestion profondément modifiée des produits de substitution à l’héroïne
de prodiguer des encouragements. Cette dispensation au jour
le jour permet aussi de prévenir l’injection de la méthadone en
sirop, que l’on croyait, jusqu’à maintenant impossible, en raison
de sa viscosité. Des « tuyaux » circulent dans la communauté des
toxicomanes, qui recommandent d’utiliser de grosses seringues,
avec de grosses aiguilles pour y parvenir. Il va falloir requérir du
laboratoire qui commercialise cette méthadone qu’il épaississe
encore davantage son sirop.
On redoute avec la méthadone, ce substitut très puissant de
l’héroïne, un surdosage/une « overdose ». C’est pourquoi il ne
faut pas mettre à la disposition du toxicomane des doses létales
de cet opioïde, d’autant que chez ces patients un état dépressif
et suicidaire est souvent latent. Une surdose de buprénorphine
n’a pas les conséquences graves d’une surdose de méthadone,
la buprénorphine étant moins puissante que cette dernière. Cette
différence permet de la prescrire au patient, pour une durée de
4 semaines, avec une délivrance hebdomadaire. Ses comprimés
sublinguaux sont à laisser fondre sous la langue. Il faut s’assurer
que le patient ne puisse obtenir d’autres boîtes que celles qui
lui ont été prescrites par un seul et unique praticien. À l’heure
de la télématique, du dossier pharmaceutique, des connexions
informatiques, ce contrôle est facile, si l’on veut bien le mettre en
œuvre !
Pour éviter le détournement par injection intraveineuse du sur-
nageant de dissolution du comprimé sublingual, on dispose d’une
association à la buprénorphine de la naloxone : commercialisée
sous le nom de Suboxone . La naloxone est un antagoniste des
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récepteurs opioïdes mu (µ) (elle bloque ces récepteurs), là où
la buprénorphine est un agoniste partiel de ces récepteurs (elle
stimule ces récepteurs d’une façon inframaximale). Par voie
sublinguale, la buprénorphine est résorbée par les muqueuses de la
cavité buccale, alors que la naloxone ne l’est à peu près pas ; cette
naloxone arrive au niveau du tube digestif où elle s’oppose aux
effets constipants de la buprénorphine ; corrigeant ainsi cet effet
très gênant de la buprénorphine. La naloxone est peu résorbée au
niveau des muqueuses du tube digestif et le peu qui le serait au
niveau intestinal serait détruit lors de la traversée du foie (« effet
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