Page 294 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                  Pour une gestion profondément modifiée des produits de substitution à l’héroïne



                 n’intervienne qu’en relai de la méthadone, selon des modalités sur
                 lesquelles on s’est expliqué (conf. supra, p. 179).
                   Une autre  interpellation  tient  au fait  que le  «  subu » n’est
                 qu’exceptionnellement utilisé à doses dégressives pour viser (à
                 un terme plus ou moins lointain) l’abstinence. Sa prescription au
                 très long cours, à une même dose élevée, maintient le patient, ad
                 vitam, dans la dépendance aux opiacés. Elle le laisse/le maintient
                 dans un état précaire qui peut, à la moindre contrariété, le renvoyer
                 vers l’héroïne. Des  « addictologues » estiment, sans  toujours
                 l’exprimer (car cela remettrait en question la justification même
                 de leur métier), que l’addiction aux morphiniques est une maladie
                 incurable. On connaît pourtant un certain nombre de patients qui
                 en sont guéris.
                   La prescription du Subutex , effectuée  majoritairement par
                                               ®
                 des médecins généralistes, se concentre, en fait, sur un nombre
                 restreint d’entre eux. De ce fait, leurs prescriptions sont souvent
                 faites  à la  chaîne,  au cours de trop brèves consultations.  Ces
                 prescripteurs  se sont le plus souvent formés « sur le tas », à
                 l’écoute de visiteurs médicaux leur faisant l’apologie/la publicité
                 du produit. Beaucoup n’ont pas suivi la formation que prévoyaient
                 les  dispositions  initiales,  lors de  la  mise  sur le  marché  de  ce
                 médicament. C’est un jeu classique de législateurs, de rassurer le
                 public « en s’entourant de toutes les précautions et garanties » ;
                 puis de ne pas contrôler leur mise en œuvre, ce qui les fait très vite
                 oublier.
                   On voit ainsi le choix qui est fait  entre  la prévention  des
                 détournements (que l’on se refuse de considérer) et la réduction
                 des risques encourus sciemment par les toxicomanes. Cette attitude
                 revient à satisfaire toutes leurs revendications. La toxicomanie,
                 maladie  qui atteint  gravement  la volonté des patients, atteint
                 aussi celle de certains « soignants » qui, eux aussi, abdiquent leur
                 volonté (leur faisant le crédit d’en avoir une).
                   Mais on n’a pas tout dit sur le «  Subu », puisqu’un même
                 héroïnomane  peut aller consulter plusieurs médecins qui le lui
                 prescrivent. et se faire délivrer chacune des ordonnances obtenues
                 dans des pharmacies  différentes.  Il  se retrouve  à  la  tête  de
                 comprimés de buprénorphine, bien plus nombreux que ce qu’il


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