Page 292 - Desastre Toxicomanie
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Pour une gestion profondément modifiée des produits de substitution à l’héroïne
POUR UNE GESTION PROFONDÉMENT
MODIFIÉE DES PRODUITS
DE SUBSTITUTION À L’HÉROÏNE
« L’enfer est pavé de bonnes intentions ». Ainsi, ce qui au départ
pouvait être présenté comme une bonne idée, peut se muer en une
catastrophe pire que celle qu’elle prétendait prévenir. La « réduction
des risques » constitue une démarche à laquelle on serait tenté
d’adhérer par principe, si l’on était sûr des intentions de ceux qui
la promeuvent et si l’on soumettait à des évaluations rigoureuses
chaque essai réalisé. Au lieu de cela, pour passer très vite au pas
suivant, non seulement on se dispense de ces bilans d’étape, mais
même on admoneste vertement ceux qui les requièrent. Si l’on
acquérait une culture de l’expérimentation et, pour cela, inscrivait
qu’à tout moment d’une expérience on peut arrêter un dispositif qui
s’emballe ou qui dévie, on serait enclin à réaliser des expériences,
limitées en nombre et dans le temps. Le « principe de précaution »,
sacralisé, est surtout allégué par ceux qui l’oublient quand il s’agit
de certains thèmes sociétaux majeurs. Le char de l’État, dans notre
nation, semble dépourvu de marche arrière. Quand un débat, souvent
animé (ce qui est habituel en démocratie, mais sur un mode souvent
exacerbé en France) se trouve conclu par une loi, ce que cette loi a
décidé, une autre loi devrait pouvoir le défaire. N’y pensons pas, cela
confine à l’intangible, à l’irréversible, c’est gravé dans le marbre ;
comme dans l’airain. Ainsi : l’école sur 4 jours ; les 35 heures
hebdomadaires de travail (que devait nous envier puis copier le
reste du monde) ; la méthode globale d’apprentissage de la lecture ;
la retraite à 60 ans ; la suppression du service national ; les régimes
spéciaux ; etc. Cette particularité nationale devrait inciter le
législateur à légiférer d’une main tremblante. Au lieu de cela il est
souvent imprudent et même inconstitutionnel ; à preuve les fréquents
« retoquages » de ses textes législatifs par le conseil constitutionnel,
ou l’absence de promulgation des décrets d’application, pour
« rattraper le coup ». Quand une sottise s’est trouvée institutionnalisée,
ses auteurs mettent en place un service après-vente, qui mobilise des
brigades militantes pour occulter toutes les contradictions apportées
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