Page 297 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Pour une gestion profondément modifiée des produits de substitution à l’héroïne
drogue (sports, musique, gastronomie, lectures, débats, échanges,
éducation, spectacles, films, action psychologique, activités au
service de la collectivité, sortant du statut de spectateur, d’assisté,
pour accéder à celui d’acteur…) ; les patients traités seront les
scénaristes de leur rupture avec la drogue ; il leur sera expliqué
que la douleur qu’ils en éprouvent est le prix à acquitter pour y
parvenir et ne jamais y revenir ; on leur fera analyser et percevoir
leur déchéance présente et on leur fera espérer des lendemains qui
chantent, une nouvelle vie, avec de nouveaux vrais amis (choisis
parmi ceux qui sont purgés de ces drogues et qui s’épaulent
mutuellement pour n’y pas replonger) ; la restauration de l’estime
de soi ; le rétablissement de liens sociaux, familiaux, professionnels.
Le vrai bonheur contre le plaisir factice de la drogue, contre la
beauté du diable, contre le sourire du poison. « Conte de fées »
diront les sceptiques, ceux qui n’y croient plus et qui néanmoins
continuent d’occuper des fonctions auxquelles ils ne croient pas ou
ne croient plus. Comment pourraient-ils aider le patient à y croire
s’ils n’y croient pas ou n’y croient plus eux-mêmes. Il faudrait
recycler, de toute urgence, dans d’autres fonctions, ces pseudo-
soignants, ces praticiens désabusés et totalement à contre-emploi ;
de même qu’on ne confie pas à des objecteurs de conscience la
mission d’entraîner des soldats au combat. La maladie à traiter
est très grave. Pour la guérir, la volonté et l’espoir sont les deux
béquilles sur lesquelles doivent s’appuyer leurs thérapeutes. Ils
doivent convaincre les victimes de ces drogues qu’il leur faut se
venger d’une jeunesse fissurée, vermoulue, en accédant à une
vie d’adulte qu’ils veulent résolument réussir, en se libérant du
piège dans lequel la drogue les a précipités. Rien n’est définitif,
ni irréversible pour l’Homme qui ne se résigne pas à macérer
dans les scories de ses faiblesses, de ses renoncements et des
pièges qui lui ont été tendus. Faire qu’une période malheureuse
n’impacte pas tout le reste de l’existence. La peine de mort, par
nature irréversible, a été supprimée ; la prison à perpétuité a elle-
même à peu près disparue. La rédemption, le rachat, la deuxième
chance sont offerts. Le drogué n’a, lui, commis de crime que
contre lui-même. Il faut hâter sa sortie de la geôle toxique dans
laquelle il s’est laissé enfermer ; son traitement doit hâter sa levée
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