Page 310 - Desastre Toxicomanie
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Comment ralentir la chute
COMMENT RALENTIR LA CHUTE
Notre société vit une transformation rapide et profonde.
Soit on la subit, s’estimant désarmé, dépassé, spectateurs de ce
qui nous dépasse et nous englouti ; soit on croit (ou du moins
espère) pouvoir, même modestement, contribuer à orienter cette
transformation, essayant de faire correspondre au terme évolution
celui de progrès. Cette correspondance ne va pas de soi ; ces deux
termes ne sont pas synonymes. S’agissant des toxicomanies, il
est urgent de constater leur participation à la chute, au déclin, à
la détérioration dans lesquels notre société est précipitée. Cette
chute résulte de divers éléments, qu’il convient d’identifier, pour
envisager les moyens qui permettraient d’abord de la stopper puis
d’entamer une réascension. Je devine le sourire désabusé de ceux
qui croient que l’irréversible est déjà consommé ; et plus encore
l’air narquois et désabusé de ceux qui n’ont pas envie « de mouiller
leur chemise » ni de « se fendre la patate ». L’horreur progresse
par ceux qui renoncent à la combattre ; par ceux qui oublient les
fondamentaux ; par des idiots utiles, par ceux qui pensent que ses
conséquences attendront bien qu’ils quittent le monde des vivants.
L’horreur progresse par ceux qui placent leur tranquillité au-dessus
de tout ; par ceux que ne préoccupent pas l’avenir de leurs enfants
et de ceux des autres ; par les égoïstes qui acceptent qu’après
eux survienne le déluge ; par les TPLG (tout pour leur gueule)
qui, pour réchauffer la petite gamelle qu’ils veulent consommer
à bonne température, allument, sans vergogne, un feu dans un
bois de résineux en période de sécheresse. L’horreur progresse par
ceux qui ont perdu la partie et s’en prennent à la règle du jeu ;
par ceux qui veulent faire payer à autrui leurs échecs ; par ceux
qui veulent noircir le liquide amniotique de l’humanité pour s’y
dissimuler. Elle progresse par les desperados, les dépressifs, les
ratés ; par ceux qui pour se grandir en sont réduits à rabaisser leurs
semblables…
Irrépressiblement je répète la formule fondatrice de notre
CNPERT : « S’il est important de se préoccuper du sort de la planète
que nous léguerons à nos enfants, il est encore plus important de
nous préoccuper de l’état des enfants que nous léguerons à cette
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