Page 315 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Comment ralentir la chute
est là, vertigineuse, occultée par nos élus qui éludent (relation
étymologique ?) le diagnostic pour éviter qu’on en recherche les
responsables et pour se dispenser de mettre en œuvre le traitement
rigoureux, indispensable au redressement.
Une enquête récente (« Valeurs actuelles » juin 2016) indiquait
que le responsable d’une association contre la drogue – Serge
Lebigot – avait pu se procurer aisément, sur le NET, avec livraison
à domicile, par la Poste, des drogues illicites, qui n’étaient pas
des moindres. Bravo à ce « lanceur d’alerte » ; mais au fait, cela
n’était-il pas du ressort de la MILDECA ? Ne le savait-elle pas ?
N’a-t-elle pas voulu le dire ?
Même si, comme on le prétend, « tout est politique », la
toxicomanie ne doit être ni de droite, ni de gauche. Elle devrait
être érigée en une priorité nationale, dont les solutions devraient
être trouvées dans une démarche d’union nationale. Ses aspects
médicaux, sociaux, sociétaux, économiques, culturels, éducatifs,
concernent toute la nation et en particulier les adolescents et
adultes jeunes de tous les milieux sociaux. « Le politicien est celui
qui ne pense qu’à la prochaine élection, alors que l’Homme d’État
est celui qui pense à la prochaine génération ».
On a les enfants que l’on mérite. Il est incongru, car trop facile,
de se plaindre d’eux. Ils sont ce que nous en faisons, ce que nous
en avons fait, ou ce que nous laissons faire d’eux. Nos « ados »
sont déboussolés par beaucoup des évolutions récentes qui
sont de notre responsabilité. Parmi celles-ci : le recul du divin ;
l’affaissement de l’autorité, issue de la calamiteuse « interdiction
d’interdire », dont se gargarisaient les soixante-huitards (dont
certains requièrent aujourd’hui, pour leur sécurité, l’intervention
de la police dans le milieu éducatif) ; l’éclatement fréquent de la
cellule familiale, la recomposition des familles ; des géniteurs qui
veulent « vivre leur vie » en oubliant ceux à qui ils l’ont donnée ;
la montée du chômage (qui diminue l’enthousiasme à se projeter
dans d’ambitieux projets professionnels risquant d’aboutir à
pôle-emploi) ; la désagrégation du système éducatif, dont le coût
semble inversement proportionnel à l’efficacité ; la perte délibérée
des repères historiques ; la culture de la honte de notre passé et
de la repentance (exhumant les mauvais moments, revisitant
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