Page 319 - Desastre Toxicomanie
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Identifier les facteurs favorisant l'entrée dans les addictions
(abstention totale de toute boisson alcoolique). Celui/celle qui
se connaît des antécédents familiaux d’addictions doit redoubler
de prudence s’il vient à s’approcher d’une substance addictive.
Le médecin devrait s’enquérir, avant de prescrire un médicament
ayant une potentialité addictive, non seulement des pratiques
addictives de son patient, mais aussi de celles des divers
membres connus de sa proche famille, en matière d’alcoolisme,
de tabagisme et d’abus d’autres drogues. Prescrire de la codéine
ou du tramadol, à un patient alcoolo-dépendant comporte plus
de risques de le précipiter dans l’addiction à ces médicaments et
bientôt à des morphiniques plus puissants. Indiquons cependant
que la vulnérabilité qui peut être constatée chez un sujet doit être
reconsidérée chez ses descendants, du fait des apports génétiques
qui émanent, à chaque génération, de l’autre élément du couple (et
alors majorée, ou au contraire relativisée). Un fils d’alcoolique ne
deviendra pas inéluctablement alcoolique ; d’autant que son père
a pu le devenir d’une façon non génétiquement conditionnée, par
un simple entraînement à l’alcoolisation. On peut rendre tous les
rats d’une souche dépendants à l’alcool en recourant à certaines
modalités d’intoxication (par exemple en leur infligeant une
inhalation permanente de vapeurs d’alcool). Cependant, les rats
de certaines souches sont beaucoup plus sensibles que d’autres à
l’installation d’une addiction. Ainsi, en Sardaigne, le groupe de
L. Gessa a développé, par reproduction dirigée, une souche de
rats ayant une vive appétence pour l’alcool. Il a montré que ces
rats étaient plus anxieux que ceux d’une autre souche développée
symétriquement, sur la base de leur faible appétence pour l’alcool.
De l’anxiété ou de l’alcoolo-dépendance qui a commencé ? Ne
s’agit-il pas d’une aporie ? Le trait génétique primitivement en
cause est-il celui de l’anxiété ou celui de l’appétence pour l’alcool ?
L’anxieux recherche dans l’alcool l’apaisement de son anxiété,
ou bien le sujet appétant pour l’alcool, présente une anxiété tant
qu’il n’a pas satisfait son besoin d’alcool. Un même mal-être,
génétiquement conditionné, peut trouver son apaisement dans la
consommation et bientôt l’abus d’une large variété de substances :
alcool, nicotine, cannabis, benzodiazépines et substances appa-
rentées, cocaïniques, morphiniques, etc.
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