Page 324 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                   Identifier les facteurs favorisant l'entrée dans les addictions



                   Si les addictions ne rapportaient  autant à de si nombreux
                 bénéficiaires, elles n’atteindraient pas le niveau dramatique qu’on
                 leur connaît ; l’offre accroît la demande. L’argent de poche ne doit
                 pas attiser cette composante.

                 -  L’oisiveté (qui peut être en soi une addiction) est mère d’ad-
                  dictions (parmi d’autres « vices »). Le travail disait Flaubert,
                  est « le meilleur moyen d’escamoter la vie » (c’est-à-dire de
                  détourner des pensées qui font naître et/ou intensifient le « mal
                  être », les douleurs existentielles). Le chômage, endémique dans
                  notre pays, redouble l’incidence des addictions, comme en atteste
                  quelques chiffres. La consommation de tabac concerne 30 % de
                  celles/ceux ayant un emploi, alors qu’elle affecte 48 % de ceux
                  qui n’en ont pas. L’alcool, consommé de façon abusive par 7,3 %
                  des personnes ayant un emploi, l’est par 11,6 % de ceux qui
                  n’en ont pas ; le cannabis qui affecte 9 % des individus ayant
                  un emploi, est consommé par 16 % de ceux qui n’en ont pas ;
                  la cocaïne prisée par 0,8 % des sujets avec un emploi est 4 fois
                  plus consommée chez ceux qui n’en ont pas (3,1 %) ; un rapport
                  voisin est constaté pour les amphétamines (0,5 vs. 1,5 %). Si le
                  monde syndical veut voir dans la source de certaines addictions
                  le résultat du caractère aliénant du travail (ce qui dans certains
                  métiers ne peut être exclu), force est pourtant de constater que le
                  chômage est bien plus propice à l’abus de drogues.

                   Toutes les filières de formation, tous les métiers ne comportent
                 pas les mêmes tentations vis-à-vis des drogues. Si chez les cadres
                 18 % sont fumeurs de tabac, ils sont 21 % chez les agriculteurs,
                 31 % chez les commerçants/artisans/chefs d’entreprise et 37 %
                 chez les ouvriers. Si 2,7 % des agriculteurs  sont fumeurs de
                 cannabis, les ouvriers sont concernés à hauteur de 6 % et les cadres
                 à hauteur de 9 %.
                   Pour détourner des préoccupations  lancinantes  qui sont le
                 terreau des toxicomanies, il faut multiplier les occupations. Nos
                 jeunes ne sont pas assez occupés ; quand ils le sont, c’est trop
                 souvent par des futilités. Passer trois heures par jour devant la
                 télévision serait formateur si ce média s’appliquait à utiliser les


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