Page 336 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                   Identifier les facteurs favorisant l'entrée dans les addictions



                 Prenant conscience du handicap qu’il s’était infligé, il s’en était
                 affranchi pendant son redoublement.  Il ne crut pas utile  d’en
                 faire  part  à ses copains  potaches,  qui le  virent  obtenir  le  bac
                 avec une mention bien. Pendant la PACES, il mima à plusieurs
                 reprises des épisodes d’ivresse ou de délire tranquille, alors qu’il
                 était abstinent, accréditant ainsi sa consommation persistante de
                 cannabis et banalisant  l’usage de cette  drogue. Il me devenait
                 facile de comprendre, même s’il ne l’exprima pas, que si d’autres
                 fumaient cela pouvait lui permettre de creuser l’écart avec eux ;
                 de gagner des rangs dans une épreuve où la pression de sélection
                 est considérable (un heureux reçu sur huit candidats). Je concluais
                 notre entretien en lui affirmant qu’il n’avait pas fait évoluer ma
                 certitude que pour être reçu au concours de la PACES il fallait
                 être  étranger à cette  drogue et  que s’il devait  être inscrit  au
                 « Guinness des records », ce ne pourrait être que dans la rubrique
                 des salopards…
                   Éradiquer la drogue du milieu médical est une priorité ; les
                 arguments  sanitaires  y  trouvant  une  meilleure  résonnance.
                 L’éradication doit concerner aussi l’espace éducatif, en écartant
                 temporairement les élèves incapables de s’en abstraire et qui, sous
                 son influence, ne peuvent retirer un bénéfice de l’enseignement
                 dispensé. On accueillera ces addicts dans des centres où ils seront
                 sevrés et traités. Plus le sevrage est entrepris précocement, plus
                 ses chances de réussite sont grandes et moindres seront alors les
                 dégâts neurobiologiques et psychologiques provoqués. Cette sorte
                 d’incendie doit être attaqué à sa racine. Confronté à l’inondation
                 d’une salle de bain, il faut d’abord arrêter la fuite, puis écoper
                 avec de grands récipients et enfin, recourir à la serpillère. Face à
                 l’inondation toxicomaniaque, il faut d’abord stopper de nouveaux
                 recrutements,  en  concentrant  notre  attention  et  les moyens  de
                 prévention sur l’enfant et l’adolescent. Cela débutera par une lutte
                 résolue contre le tabagisme. Il faut s’intéresser aux plus récemment
                 contaminés (détection au collège et au lycée) ; plus l’action est
                 précoce et plus les chances de succès sont grandes ; l’alcool fait
                 évidemment partie des drogues à traquer. Il faut ensuite s’intéresser
                 à ceux ancrés de longue date dans leurs addictions, pour les en sortir
                 ou pour en limiter les conséquences. Quelques pays ont acté, à un


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