Page 331 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Identifier les facteurs favorisant l'entrée dans les addictions
très particulière que présentent collectivement les français pour
les drogues (licites ou illicites) qui leur sont accessibles.
- Les « copains », insidieusement, prennent dans leurs filets
leur nouveau client, leur nouvel acolyte (alcoolyte ?). La nouvelle
recrue largue ses anciennes amarres et se met sous la coupe de ses
compagnons de boissons, d’enfumage, de sniffes ou d’injections.
Des rites se développent, un argot spécifique s’acquiert, des
recettes s’échangent, des coopératives d’achat se forment, la
meute se constitue.
- Le milieu familial peut contribuer à la contamination. Les
parents fument (et désormais pas seulement du tabac) ; ils boivent
des boissons alcooliques et laissent traîner des fonds de verres
et de bouteilles. Certains fument dans l’espace restreint d’une
automobile. Quand on pense qu’il a fallu légiférer, avec amende à
l’appui, pour tenter de faire disparaître cette pratique en présence
de tous jeunes enfants...
- Le service militaire a longtemps constitué la période
d’apprentissage au tabac, par l’incitation opérée par les « cigarettes
de troupes » gratuites et l’acquisition de suppléments à prix réduit.
Dans l’atmosphère oisive de la chambrée, la bière, voire d’autres
alcools de plus hauts degrés alcooliques, coulaient souvent à flot.
Quant à restaurer le service national (une panacée pour certains),
on aimerait disposer de garanties, comportant un programme avec
emploi du temps et des précisions quant à la façon dont serait
prévenus l’usage des drogues et les toxicomanies.
- Les prisons françaises sont décrites parfois comme des
supermarchés de la drogue. Dans l’atmosphère débilitante, oisive,
fermée, du monde carcéral, la drogue semble y circuler aisément ;
tel un moyen d’apaiser les relations avec les surveillants et de
calmer les prisonniers les plus véhéments. Alors que l’incarcération
devrait être une période propice à la réalisation du sevrage, il n’en
est rien. C’est, au contraire, un lieu où s’opère l’intoxication de
nouvelles recrues, qui ressortiront de l’établissement pénitentiaire
dans un état pire qu’à leur entrée. Lieu de rédemption ? Mon œil !
(aurait dit Zazie si elle avait été polie). Comment un État qui
n’est pas capable de faire respecter la loi dans l’espace fermé
des prisons pourrait-il la faire respecter en milieu ouvert…
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