Page 458 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
P. 458

414               MEDICAMENTSINDUISANTOUSTABILISANTDES COUPURESDE L'ADN



                                                                 OH
















              1.3.  RÉSISTANCE PLÉIOTROPIQUE AUX ANTHRACYCLINES
                   ET INHIBITEURS DE LA GLYCOPROTÉINE P
              Les anthracyclines figurent parmi les antitumoraux induisant fréquemment le phéno-
              mène de résistance pléiotropique (MOR). Parmi les divers inhibiteurs de la Pgp expé-
              rimentés en thérapeutique antitumorale, il convient de citer le vérapamil, son énantio-
              mère (R), le dexvérapamil, nettement moins cardiotoxique, la ciclosporine A qui, tout
              au moins à la dose assez élevée de 16 mg/kg/j s'est révélée efficace [augmentation
              significative du temps de rechute et de survie lors d'un essai randomisé de patients
              atteints de leucémie myéloide devenue résistante ou après récidive et traités par
              l'association cytarabine (Ara-C) et daunorubicine], et enfin un analogue structural de
              la ciclosporine A, le PSC 833, puissant inhibiteur de la Pgp, dénué d'activité immuno-
              suppressive, qui est actuellement expérimenté (phase Ill) dans le traitement de leucé-
              mies myéloïdes aiguës et de myélomes multiples. Ce modulateur accroît le t 112  plas-
              matique de la doxorubicine, vraisemblablement par diminution de l'élimination
              hépatique et rénale, permettant de réduire sa posologie de 30 à 60 %. Il convient de
              garder à l'esprit que l'inhibition de la Pgp est susceptible d'induire l'apoptose de la
              cellule cancéreuse. Ainsi diverses cytokines IL-2, IL-3 et IL-6, substrats du transport
              médié par la Pgp, seraient susceptibles d'agir en tant que facteurs de croissance des
              cellules hématopoïétiques malignes. Par ailleurs, l'inhibition de la Pgp induit une accu-
              mulation d'un sphingolipide toxique, le céramide, impliqué dans la cascade de signa-
              lisation cellulaire conduisant à l'arrêt du cycle au stade G0/G1 et induisant l'apoptose.
              L'hypothèse de l'augmentation du taux de céramide par les agents antitumoraux a
              également été émise. De plus, les cellules cancéreuses ayant acquis le phénotype MDR
              possèdent une capacité accrue à diminuer leur taux de céramide par glycosylation.
              Cependant, l'effet de ces inhibiteurs de Pgp sur la composition membranaire en sphin-
              golipides n'impliquerait pas nécessairement l'intervention de la Pgp, dans la-mesure
              où par exemple la lignée cellulaire du carcinome mammaire MCF-7 apparemment défi-
              ciente en Pgp, voit son taux de céramide augmenter en présence de PSC 833, à des
              doses, il est vrai 10 fois supérieures à celles permettant d'induire l'apoptose de cellules
              leucémiques à phénotype MDR. Enfin, il faut noter que la nécessité de l'intervention
              du céramide dans la mise en route de la mort cellulaire programmée n'a pas été prou-
              vée pour l'instant.
   453   454   455   456   457   458   459   460   461   462   463