Page 462 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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418               MEDICAMENTS INDUISANTOUSTABILISANT DES COUPURES DE L'ADN



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                DNR-GA-3:R' = H, R? OH, R?= H,
                        R'2 COOH, R' = H
                Une approche analogue a consisté à remplacer le sucre par un dipeptide susceptible
              d'être hydrolysé par les enzymes lysosomales et notamment la cathepsine B. Cette stra-
              tégie a notamment été proposée pour vectoriser la doxorubicine après couplage à des
              anticorps monoclonaux comme le BR 96. L'accès à ces immunoconjugués implique la
              préparation d'un synthon 15, comportant un fragment maléimidocaproyldipeptide (MC-
              Phe-Lys) relié par le bras de liaison dit auto-immolant au sucre de l'anthracycline. l'espa-
              ceur dipeptidique (Phe-Lys), stable dans le sang, subit après internalisation de l'immu-
              noconjugué dans la cellule cancéreuse, une hydrolyse par les protéases lysosomales
              (cathepsine B). Le bras de liaison auto-immolant est constitué par un résidu p-amino-
              benzyloxycarbonyle. La préparation du synthon 15 nécessite la protection de la fonction
              amine terminale de la lysine par un groupe protecteur particulier le p-anisyldiphénylmé-
              thyle (MMT) débloquable en milieu acide dichloroacétique. La conjugaison aux macro-
              molécules étant réalisée en milieu aqueux, il est préférable d'opérer en présence du
              chlorhydrate de l'amine (anion Cr moins lipophile que l'anion dichloroacétate).
              L'échange est réalisé par passage surrésine échangeuse d'ions AG-28 (anion CI, Bio-
              Rad). La protonation de la fonction amine dès sa libération s'impose pour éviter l'addition
              sur le maléimide conduisant à la formation de polymères.
                Parmi les autres enzymes présentes en concentration élevée dans les tissus cancé-
              reux figure notamment la plasmine ; cette enzyme, une sérine protéase, catalyse la
              dégradation des protéines de la matrice extracellulaire et contribue ainsi à la migration
              des cellules tumorales, à leur invasion des tissus sains (métastases). Elle est impliquée
              dans la croissance cellulaire vraisemblablement du fait de sa participation dans l'activa-
              tion de la prolifération cellulaire et l'angiogenèse. La plasmine est formée à partir du
              plasminogène en présence d'un activateur de plasminogène du type de l'urokinase (u-
              PA). Au niveau de la circulation, l'urokinase et la plasmine sont rapidement inactivées
              par des inhibiteurs comme la PAI-1 et l'a, antiplasmine. Le fait que de nombreuses
              tumeurs renferment des concentrations nettement plus élevées en u-PA que les tissus
              sains correspondants a justifié la mise au point de prodrogues spécifiquement activables
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