Page 546 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
P. 546
504 MEDICAMENTS INDUISANTOUSTABILISANTDES COUPURES DE L'ADN
la position 9 : l'hydroxyle est indispensable en tant que point d'ancrage sur l'ADN via
des liaisons hydrogène et site d'oxydation activant secondairement la position 10,
autre point de fixation possible sur les acides nucléiques. Son absence (ex. 2-
méthylellipticinium 1f) empêche in vivo la formation de complexes avec les acides
nucléiques. L'alkylation (ex. 9-méthoxyellipticine 1b) diminue nettement l'activité. Une
substitution en 9 par le brome, le fluor ou un groupe amine l'abolit, bien que ces
dérivés puissent s'intercaler, autre preuve de la nécessité de la fonction phénol dans
l'activation métabolique. En revanche, le remplacement du carbone 9 par un azote (9-
azaellipticines) donne des produits sensiblement actifs (vide infra) mais avec un
mécanisme d'activation différent ;
- l'azote en position 2 : il est indispensable et la charge positive liée à sa quaternarisa-
tion renforce l'activité, probablement en permettant une interaction ionique avec les
groupes phosphate des acides nucléiques ;
- le groupe méthyle en 5 et dans une moindre mesure celui en 11.
8. INDICATIONS
L'indication majeure est le traitement des carcinomes du sein métastatiques résistant à
d'autres chimiothérapies. Le traitement doit être intermittent (ex. 80 mg/m?/j, 3 jours tou-
tes les 3 semaines) avec une dose maximale cumulée de 2 g.
9. PRÉSENTATIONS
L'acétate d'elliptinium est présenté sous forme de lyophilisat correspondant à 50 mg
d'elliptinium (fraction active), additionné d'urée (Céliptium). Il est utilisé en perfusions IV,
après dissolution dans l'eau et dilution dans la solution de glucose à 5 %. L'emploi d'une
solution de NaCI à 0,9 % est proscrit car il y a formation par échange de chlorure très
peu soluble.
10. EFFETS INDÉSIRABLES
Les principaux effets secondaires sont la sécheresse buccale, des crampes musculaires,
des nausées et des diarrhées, mais surtout une néphrotoxicité et des hémolyses intra-
vasculaires. Le produit est irritant au point d'injection et peut entraîner des thrombophlé-
bites.
L'atteinte rénale (OMS, grade 2-3) est évolutive et généralement irréversible, surtout
à des posologies cumulatives élevées, supérieures à 100 mg/m 2 /sem.
L'hémolyse (OMS, grade 0-3) est d'origine immune et liée à la formation d'anticorps
lgM antielliptinium vis-à-vis d'un antigène résultant d'une liaison de l'elliptinium par son
groupement pyridinium avec une protéine réactive.
La sécheresse buccale (30 à 80 % des cas) est attribuée aux effets cholinergiques de
la molécule.
11. CONTRE-INDICATIONS
La néphrotoxicité potentielle commande la prudence en cas d'insuffisance rénale asso-
ciée.