Page 671 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
P. 671

CHAPITRE 30


              ALCALOÏDES INDOLIQUES

                   DOUBLES ET DÉRIVÉS

                (« VINCA ALCALOIDES »)




                      COORDONNATEURS: ].Y. LARONZE, J. POISSON


              La pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus, syn. Vinca rosea, Apocynaceae) est
              une plante pantropicale assez largement répandue et utilisée comme plante coupe-faim
              par les navigateurs indigènes de l'Océan Indien.
                Prétendus posséder également des propriétés antidiabétiques, des extraits bruts con-
              tenant plus de 40 alcaloïdes ont fait l'objet, dès 1957, d'études pharmacologiques qui
              ont en fait révélé une toxicité hématologique élevée, liée à la présence de deux alcaloïdes
              doubles, vinblastine 1 et vincristine 2, parfois appelés à tort « dimères ».
                Malgré divers problèmes liés aux difficultés d'extraction et à la faible concentration
              de ces molécules dans la plante, celles-ci ont connu un développement important du fait
              de leur mécanisme d'action original sur la tubuline, d'où leur appellation ancienne de
              « poisons du fuseau ».
                Ces alcaloïdes (figure 1) constituent sur le plan mondial près de 10 % du marché des
              produits antitumoraux cytotoxiques.
                La vinblastine (dénommée initialement vincaleukoblastine) 1 est un alcaloïde double
              résultant de l'union de deux unités : une dihydroindolique (indoline), la vindoline, et une
              indolique apparentée à la catharanthine, dérivée de la carbométhoxycleavamine.
                La vincristine (leurocristine) 2 s'en distingue par l'oxydation du N-méthyle en N-for-
              myle.
               Les composés 1 et 2 sont caractérisés par un cycle nonaatomique fusionné avec
              l'indole.
                La vinorelbine (velbanamine) 3 est un dérivé semi-synthétique qui se distingue des
              produits naturels par un cycle octaatomique sur la partie indolique (un seul chainon
              méthylénique entre 4' et 7') et la présence d'une double liaison 15', 20'.
               La vindésine 4 est un amide sur la partie vindoline (vide infra).
               À côté de la nomenclature IUPAC non usitée, existe la numérotation de le MEN J. et
              TAYLOR W.I., basée sur la biogenèse, qui sera utilisée ici.
   666   667   668   669   670   671   672   673   674   675   676