Page 758 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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716 MODIFICATEURS DE LA REPONSE IMMUNITAIRE, VACCINS, ANTICORPS MONOCLONAUX
Les cytokines peuvent être schématiquement regroupées en trois familles principa-
les:
- les facteurs de croissance plus ou moins spécifiques de tissus comme l'EGF (epider-
mal growth factor), le FGF (fibroblast growth factor), le PDGF (platelet derived growth
factor), les TGF (transforming growth factors), le NGF (nerve growth factor), le VEGF
(vascular endothelium growth factor) ou l'IGF (insuline-like growth factor) ;
les facteurs de croissance hématopoïétiques comme le GM-CSF (granulocyte-macro-
phage colony stimulating factor), le G-CSF (granulocyte colony stimulating factor) ou
l'Epo (époïétine);
les facteurs modulateurs des fonctions lymphoïdes B et T comme les interférons (IFN),
les interleukines (IL) et les facteurs de nécrose des tumeurs (TNF).
La diversité des fonctions exercées par les cytokines leur confère un rôle clé dans la
physiopathologie des infections, des phénomènes inflammatoires ou de la croissance
tumorale. Le potentiel thérapeutique est large et concerne les maladies infectieuses,
auto-immunes, inflammatoires allergiques et les greffes d'organe. La cancérologie est
pour l'instant le domaine thérapeutique qui a le plus bénéficié des recherches sur les
cytokines. Elles sont utilisées dans ce domaine pour leur action antitumorale propre
directe mais aussi pour lutter contre les effets secondaires de la chimiothérapie et de la
radiothérapie.
Le présent chapitre est consacré dans une première partie (paragraphes A.-D.) à
l'étude de l'interféron a, de l'interleukine 2 et comprend quelques données succinctes sur
des produits en développement comme le TNF et sur des immunomodulateurs divers.
Dans une deuxième partie (paragraphe E.) sont présentées quelques données
récentes sur la mise au point de vaccins antitumoraux.
La troisième partie (paragraphe F.) résume quelques données générales sur les poten-
tialités thérapeutiques des anticorps monoclonaux non conjugués ou couplés à des
agents antitumoraux, des toxines ou des radionucléides.
A. LES INTERFÉRONS a
1. ORIGINE ET STRUCTURE DES INTERFÉRONS
Les interférons (IFN), protéines d'origine endogène, appartiennent à la famille thérapeu-
tique des modificateurs de la réponse biologique. Ils ont été répertoriés en fonction du
type cellulaire qui les produit puis selon leur type antigénique. Les interférons sont des
médiateurs biologiques dont la synthèse, normalement réprimée, est déclenchée sous
l'influence d'un inducteur. Ils se fixent sur des récepteurs membranaires et déclenchent
une réponse cellulaire pléiotropique. Il en résulte des activités antivirale, antiproliférative
et immunomodulatrice.
Les interférons ont été découverts en tant que substance d'information cellulaire pro-
duite sous l'effet d'un inducteur viral ; c'est donc l'activité virale qui les a d'abord définis.
Mais de nombreux autres effets biologiques ont été ensuite mis en évidence qui sous-
tendent une activité antiproliférative sur les cellules tumorales et une modulation de la
réponse immunitaire de l'hôte. Les interférons sont donc susceptibles d'avoir des indi-
cations dans le traitement des infections virales et des affections malignes.
Les interférons ne sont en pratique actifs que dans l'espèce où ils sont produits, d'où
une spécificité d'espèce qui a limité leur utilisation en thérapeutique jusqu'à ce que les