Page 824 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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             2.1.2.  Applications cliniques
             La plupart des essais cliniques utilisent des vecteurs rétroviraux. De nombreuses études
             ont pourobjet l'amélioration des mécanismes immuns de défense antitumorale par l'acti-
             vation de lymphocytes transduits infiltrant la tumeur (transducer tumeur infiltrating lym-
              phocytes ou TILS) ou pardes stratégies de vaccination utilisant des cellules hétérologues
              ou autologues de tumeurs de types variés (mélanome, cellules de cancer du sein, neu-
              roblastome...). Dans ces essais de thérapie génique, sont utilisés de nombreux gènes
              de cytokines tels les interférons, les interleukines IL-2, IL-7, IL-12 et le GM-CSF.
              2.2.  VECTEURS DÉRIVÉS DE VIRUS À ADN
              A la différence des rétrovirus, ces virus contiennent un ADN simple- ou double-brin et
              présentent généralement une structure plus complexe. Les plus utilisés sont les adéno-
              virus maisd'autresvirus retiennent l'attention tels le virusherpes simplex, les virus d'Eps-
              tein-Barr et de la vaccine ou les parvovirus.
              2.2.1.  Vecteurs adénoviraux
              Les adénovirus sont des virus dépourvus d'enveloppe, à ADN double-brin. Les plus
              utilisés sont ceux de type 2 (Ad2) et de type 5 (Ad5). Les vecteurs sont construits à partir
              des adénovirus en insérant un (ou des) transgène(s) et en y associant la délétion d'au
              moins deux gènes viraux nécessaires à la réplication virale (gènes E1A, E1B, E3...) pour
              créer des vecteurs incompétents. Des cellules auxiliaires (helper cells), qui fournissent la
              protéine essentielle E1A pour une encapsidation virale efficace, sont nécessaires pour
              l'obtention de particules virales infectieuses. l'expression de la protéine virale E2 pro-
              voquant des réactions inflammatoires et des effets toxiques qui limitent la répétition des
              administrations, d'autres modifications par mutation ou délétion de gènes ont été appor-
               tées et, en conséquence, d'autres cellules auxiliaires sont nécessaires pour compenser
               des fonctions du virus modifié.
                Ces différents vecteurs adénoviraux sont d'un grand intérêt en thérapie génique des
               cancers en raison de leur haut niveau d'infectivité, de leur stabilité dans le temps et de leur
               capacité à introduire des transgènes aussi bien dans les cellules en division que dans les
               cellules quiescentes. Ils présentent l'inconvénient d'induire une réponse immunologique de
               l'hôte, ce qui limite l'utilisation répétée de ce type de vecteur. L'utilisation d'un adénovirus
               à réplication contrôlée a été largement étudié pour développer les systèmes suicides (thy-
               midine kinase du virus herpétique-1-ganciclovir ou HSV1-tk-ganciclovir) dans les gliomes.
                 En plus de l'utilisation des vecteurs adénoviraux comme véhicule de transgènes, les
               adénoviruspeuvent avoir une activité antitumorale propre qui se manifeste pourdes virus
               modifiés ou non modifiés.
                 Non modifiés, les adénovirus peuvent avoir une action de suppression de la tumeur
               qui a été reliée au gène E1A. Cette activité a été reliée à plusieurs propriétés comme la
               répression transcriptionnelle du proto-oncogène HER-2/neu, la suppression du potentiel
               métastatique, l'induction de l'apoptose et une sensibilité accrue au TNF. Ces fonctions
               biologiques ont été attribuées à la capacité de l'adénovirus à interagir avec différentes
               protéines cellulaires dont principalement p300 et pRb. La liaison de p300 au domaine
               NH, terminal et celle de pRb au domaine CR2 (conserved region 2) sont responsables,
               chacune, d'un mécanisme de suppression de tumeur.
                Virus modifiés : dans le cas d'une cellule à fonction p53 normale, l'adénovirus va péné-
              trer, libérer son ADN puis, grâce au gène E1B-55k, inactiver la protéine p53 et forcer la
              cellule normale atteinte à fabriquer de nouveaux virus. Après la lyse cellulaire, ceux-ci vont
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