Page 739 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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Cette capture est augmentée par la TSH (Thyroïd Stimulating Hormone) sécrétée
par l’hypophyse et inhibée par un excès d'ions I" ou par les anions thiocyanate, bro
mure, perchlorate, borate... qui utilisent le même système de transport.
2.2.2. Thyroglobuline (Tg)
La thyroglobuline, protéine majeure de la thyroïde, représente près de la moitié du
poids de cette glande. Cette glycoprotéine iodée, précurseur de haut poids molécu
laire des hormones thyroïdiennes, constitue la réserve de l’organisme en iode.
Stockée dans la colloïde, elle constitue 95 % de cette substance amorphe et vis
queuse. La thyroïde contient assez de thyroglobuline pour assurer un état d’euthyroï
die pendant deux mois.
La thyroglobuline, macromolécule de type globulaire, possède une masse relative
de 660 Kda, ce qui la place parmi les plus grosses protéines connues. Son coefficient
de sédimentation est de 19 S. Sa structure biochimique est réalisée par l'association
non covalente de deux monomères identiques de masse relative 330 Kda et de coeffi
cient de sédimentation 12 S. 8 à 10 % de sa masse sont formés par des résidus
sucrés dont le rôle au sein de la protéine est inconnu.
Sa séquence primaire correspond à un polypeptide de 2748 aminoacides compor
tant de nombreux résidus cystéine (4,5 % de la composition en aminoacides), dissé
minés sur toute la séquence primaire, qui participent à la stabilisation de la structure
tertiaire par la formation de ponts disulfures intrachaînes. Elle comporte 134 résidus
tyrosyle. Cependant, tous ces résidus tyrosyle ne sont pas équivalents : 30 sont sus
ceptibles d'être iodés et, parmi eux, seuls 5 à 16 donnent naissance aux hormones
thyroïdiennes. Ces résidus particuliers sont situés sur les cinq domaines hormonogé-
niques : trois sont en position carboxy-terminale (en position 2 553, 2 567 et 2 746 du
squelette polypeptidique), un est localisé au centre de la molécule (en position 1 290),
tandis que le dernier se trouve dans la région amino-terminale (position 5) et assure à
lui seul 70 % de la synthèse hormonale.
Des répétitions nombreuses de trois motifs d'aminoacides sont également décrites
dans la partie carboxy-terminale de la molécule, indiquant que cette protéine a certai
nement évolué par des duplications successives d'un gène ancestral.
Le gène de la thyroglobuline couvre 300 Kb ; il est localisé sur le bras long du chro
mosome 8 près du proto-oncogène c-myc. Les mutations de ce gène conduisant à un
taux de synthèse inapproprié de cette molécule ou à une altération de sa structure,
sont responsables de l'apparition de goitres congénitaux. Cette molécule est égale
ment un des auto-antigènes de la maladie d'HASHiMOTO, hypothyroïdie d'origine auto
immune.
Le messager de la thyroglobuline est traduit en protéine au niveau du réticulum
rugueux. Transporté vers les vésicules golgiennes, le polypeptide subira plusieurs
modifications post-transcriptionnelles : une addition de divers motifs glucidiques,
mais aussi des sulfatations et des phosphorylations.
La protéine mature, mais non iodée, est ensuite relarguée dans la lumière follicu
laire et stockée dans la colloïde. Elle subira une iodation des résidus tyrosyle au
niveau de la membrane apicale du thyréocyte, grâce à l'action de la peroxydase thy
roïdienne. Réabsorbée par le thyréocyte par endocytose, puis dirigée vers la fraction
lysosomiale, elle subira une hydrolyse acide et relarguera ses résidus tyrosine mono et
diiodés. Ces résidus, déversés dans le cytoplasme, sont ensuite transformés en hor
mones thyroïdiennes, elles-mêmes libérées par le pôle apical de la cellule.