Page 742 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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18. LES MÉDICAMENTS DES DYSFONCTIONNEMENTS THYROÏDIENS       703

          2.2.4.3.  RÉACTION DE COUPLAGE ; FORMATION DE LA THYROXINE
          La réaction de couplage des restes tyrosyle mono et di-iodés de la thyroglobuline
          s'effectue spécifiquement sous l'influence catalytique de la peroxydase thyroïdienne
          possédant un niveau d'oxydation élevé (Cil). Lorsque les iodures sont oxydés, H2O2
          s'accumule, entraînant la formation du complexe Clll. Après ce couplage et protéo­
          lyse, il se forme quatre iodothyronines (figure 4) :
          -  la 3,5,3'-triiodothyronine ou liothyronine (T3) provenant du couplage DIT + MIT,
          -  la 3,5,3',5'-tétraiodothyronine ou lévothyroxine (T4) : DIT + DIT,
          -  la 3,3',5'-triiodothyronine (T3') : MIT + DIT,
          -  la 3,3'-diiodothyronine (T2) : MIT + MIT.







               T3 ou 3,5,3'-triiodothyronine   T4 ou 3,5,3',5'-tétraiodothyronine
                 (couplage DIT + MIT)              (couplage DIT + DIT)








               T3' ou rT3 (T3 "reverse") ou      T2 ou 3,3'-dliodothyronine
                 3,3',5'-triiodothyronine          (couplage MIT + MIT)
                 (couplage MIT + DIT)
          Figure 4 : Iodothyronines formées


            La réaction de couplage, impliquant une oxydation, utiliserait les ions iodure
          comme cofacteur chargé du transfert des électrons.
            Le couplage (figure 5) serait réalisé par un complexe de transfert de charge entre
          deux restes tyrosyle de la thyroglobuline iodée, l'un à son degré d'oxydation natif (a),
          l'autre sous forme oxydée (ion carbénium b), placés en position anti-parallèle. Comme
          dans la réaction d'iodation, ce couplage pourrait être, pour partie, de nature radica-
          laire (couplage phénolique). La séquence se poursuit par la réaromatisation du sys­
          tème. Cette réaction n'est pas aléatoire ; elle résulte de la géométrie de la thyroglobu­
          line iodée qui met en regard dans l'état de transition les restes tyrosyle à coupler. Ceci
          explique aussi bien l'efficacité de la synthèse des hormones thyroïdiennes, malgré le
          faible degré d'iodation de la thyroglobuline, que l'incapacité de thyroglobulines patho­
          logiques à les produire.
            La chiralité de la L-tyrosine (Ca-S) est conservée. Dans les conditions normales
          d'iodation, la thyroglobuline iodée contient beaucoup plus de pro-T4 que de pro-T3 (2
          à 5 fois plus). Par contre, lors d'une déficience en iodures, il y a surtout formation de
          pro-T3.
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