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NEUROMIMÉTISME
Le cerveau au travail
Si les objets qui nous entourent nous disent souvent : « Tu peux
m’attraper par là ! », il n’en va pas de même de la connaissance et
des tâches mentales. Bien attraper une idée avec son cortex, c’est
un enjeu de la neuroergonomie, car nous ne voyons pas les idées
naturellement (et encore moins leurs poignées). C’est tout le pro‑
blème de la métacognition : nous ne savons pas que nous savons
tout ce que nous savons.
Savoir que nous savons est coûteux pour notre cerveau, et ce
coût est réduit notamment par le filtre du cortex frontal qui, avant
la réalisation consciente de chaque tâche, établit un modèle plus
ou moins fiable de nos capacités à l’exécuter. C’est lui, souvent,
qui semble nous murmurer (quoiqu’il n’ait pas la capacité de for‑
mer des mots) : « Est‑ ce que tu es sûr que tu peux faire ça ? »…
et qui finit par nous faire douter. Quand nous pensons ne pas
savoir quelque chose alors que nous le savons, c’est exactement ce
phénomène qui est en jeu. Or, la métacognition n’intervient pas
seulement dans le « savoir que l’on sait » mais aussi dans le « savoir
comment l’on sait » et le « savoir pourquoi l’on sait ». Quoi ? Com‑
ment ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Telles sont, parmi d’autres, les
« métadonnées » de notre savoir, à l’image des métadonnées sur
photographie numérique, qui indiquent où, quand et comment le
cliché a été pris. Si une connaissance n’est pas toujours munie de
ces données‑ là, c’est notamment pour éviter la surchauffe de notre
système cognitif, qui doit trier en permanence ce qui est essentiel
et ce qui ne l’est pas.
Même si leurs poignées nous sont souvent invisibles, il existe des
postures pour attraper les idées, et elles sont extrêmement variées.
L’adéquation de ces postures avec les épreuves mentales que nous
rencontrons dans nos vies, qu’il s’agisse d’une négociation, d’une
conversation, de la résolution d’un conflit ou d’un problème mathé‑
matique, de la guérison d’une dépression nerveuse ou d’une insom‑
nie ; qu’il s’agisse d’écouter une musique, de savourer un plat, ou
de nous souvenir de la première fois où nous l’avons mangé, toutes
ces situations sont des cas de cerveau au travail. Comme les muscles
se mettent en synergie pour produire des mouvements précis et
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