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NEUROMIMÉTISME
                    à nos téléphones d’aujourd’hui. Un homme pourra en porter un
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                    dans la poche de sa veste.  »

                    Si les infrastructures de la kinésphère ont profondément changé
                  les civilisations, leur rapport aux autres, à elles‑ mêmes, au temps,
                  à l’espace et à la nature, les infrastructures de la noosphère vont
                  en faire de même. Pour que ces voies de communication intellec‑
                  tuelle soient des voies royales plutôt qu’un Chemin des Dames il
                  faudra soumettre leur développement à la sagesse de Vitruve. C’est
                  là que le neurodesign, à l’interface des sciences et des arts appliqués,
                  s’avère infiniment précieux.

                  Neurodesign et neurométrique
                    L’adepte de la neuro‑ inspiration doit avoir constamment à l’esprit
                  un certain nombre de questions : quelles sont les limites de ma
                  cognition ? Que peut‑ elle appréhender, en une fois ou séquentiel‑
                  lement ? Quelles séquences sont les plus efficaces ? Quels angles de
                  ma pensée sont‑ ils douloureux, ou simplement pénibles ? Et par
                  conséquent : quels angles sont‑ ils pénibles pour mon interlocuteur ?
                  Quelles propositions sont les plus à même d’exaspérer son ego, son
                  conditionnement, ses biais ? À quel point ma pensée est‑ elle ossi‑
                  fiée, et pourquoi n’est‑ elle pas capable de tel ou tel mouvement ?
                    Aurais‑ je pu les avoir, dans d’autres circonstances, ou sont‑ ils intrin‑
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                  sèquement inaccessibles à mon esprit  ? Si la Renaissance a porté un
                  engouement nouveau à l’anatomie du corps, qu’elle s’est efforcée
                  de représenter avec précision, la neuronaissance dans laquelle nous
                  entrons doit se tourner vers l’anatomie de l’esprit. Ce n’est pas une
                  nouveauté, plutôt un retour, parce que, en réalité, beaucoup de gens
                  se sont intéressés à la forme de l’esprit humain à travers les âges.
                  Soufis et bouddhistes, notamment, lui ont consacré des traités et lui
                  ont taillé un outil fascinant : la métrique, c’est‑ à‑ dire la science qui
                  définit des mesures quantifiables, ou mieux, qualifiables.
                    L’étude des formes du corps a porté la Renaissance, celle
                  des formes de l’esprit sera décisive dans la neuronaissance. Elle


                    1.  Colliers Magazine, interview de Nikola Tesla par John B. Kennedy, 30 janvier 1926.
                    2.  Comme il est impossible à la plupart des humains de se lécher le coude, il y a
                  des mouvements de pensée qui sont interdits à la plupart d’entre nous. Mais de  ceux‑ là,
                  nous ne sommes pas conscients.

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