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NEURONAISSANCE
                    psychologique soit étudié par le public, par tout le monde, pour
                    que ces découvertes fassent partie de leur façon de penser. Pour
                    le moment, les gens n’en ont adoptées que quelques- unes. Ils
                    parlent couramment de lapsus freudiens et ils ont accepté l’idée
                    de complexe d’infériorité. Mais ils ont ce grand corpus d’informa-
                    tion psychologique et ils refusent de l’utiliser.
                       Il y a une histoire soufie à propos d’un homme qui visite une
                    boutique et demande au boutiquier : “Avez- vous du cuir ?
                       —  Oui, répond- il.
                       —  Des clous ?
                       —  Oui.
                       —  Du fil.
                       —  Tout à fait.
                       —  Des aiguilles ?
                       —  Bien sûr.
                       —  Alors pourquoi ne vous faites- vous pas une paire de
                    bottes ?”
                       Cette histoire a pour but de montrer du doigt cet échec à
                    utiliser le savoir disponible. Les gens de cette civilisation meurent
                    de faim au milieu de l’abondance. C’est une civilisation qui
                      s’effondre, pas parce qu’elle ne dispose pas de la connaissance
                    qui pourrait la sauver, mais parce que personne ne veut réelle-
                    ment l’utiliser. »

                    Il existe des connaissances sur le cerveau et elles sont à notre
                  portée. C’est de leur mise en relation à des fins utiles que viendra
                  la neuronaissance, tandis qu’elles trouveront leur ennemi dans l’ego
                  des chapelles scientifiques et techniques, qui se comportent avec
                  la même territorialité dans le monde intellectuel qu’un chien dans
                  le monde physique, et souffrent d’aversion pour la coopération, le
                  partage, la synergie. Quoi de plus triste, pourtant, que de générer
                  de la connaissance sans l’utiliser ?
                    Nombreux sont les traités qui se vantent de ne pas prendre de
                  recul sur le savoir « en train de se faire », car ils jugent une telle
                  démarche anti‑ académique. La mise en perspective est pourtant
                  une posture remarquable de la conscience humaine (corrélée au
                  mouvement de notre première Renaissance, d’ailleurs) et il fau‑
                  drait l’encourager plutôt que la réprimer. Aujourd’hui, d’ailleurs,


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