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QUI EST VOTRE CERVEAU ?


                  Nos nerfs sont- ils un ordinateur ?


                  Les circuits membraniques du cerveau
                    Nos nerfs sont des fils d’une version « évoluée » de l’eau de mer.
                  De l’eau salée qu’il avait à sa disposition, le vivant, par essai‑ erreur
                  guidé, a créé le liquide contenu dans les neurones. L’eau de mer
                  a en général une teneur en sodium de 10 g/l. Le sérum humain, à
                  3,3 g/l, est au moins trois fois moins concentré. L’intérieur des neu‑
                  rones, y compris l’intérieur de leur axone qui transmet les potentiels
                  d’action, l’est moins encore. Mais, pour simplifier les choses, on
                  peut se représenter la neurophysiologie humaine comme une pelote
                  de fils d’eau « salée » (au sens d’eau contenant des ions).
                    Le mode qu’a découvert le vivant terrestre pour élaborer sa tech‑
                  nologie de l’information est très supérieur au nôtre. Tout d’abord,
                  contrairement à nos puces sur silicium, il ne repose pas sur des
                  semi‑ conducteurs stricts (ouverts ou fermés), mais sur des semi‑
                  conducteurs « flous », c’est‑ à‑ dire continus, avec une grande diver‑
                  sité de nuances entre les types de signaux. L’informatique humaine,
                  elle, est basée sur la transmission ou non – transmission d’un cou‑
                  rant, noté 0 ou 1, passant ou non passant. C’est le principe du
                  transistor. Le nanotransistor, sur silicium dopé, est appelé semi‑
                  conducteur parce qu’il permet de faire passer conditionnellement
                  le courant – ce qui n’est pas le cas d’un fil de cuivre à température
                  ambiante –, mais la diversité de nuances de ce passage est faible :
                  « oui » ou « non », 0 ou 1.
                    Le vivant terrestre a choisi un autre procédé. Les signaux qu’il
                  échange relèvent de ce que l’on appelle la « logique floue »,  c’est‑ à‑ dire
                  une logique où il existe un continuum entre le 0 et le 1, et qui per‑
                  met une bien plus grande diversité de codage que notre informatique
                  actuelle. Pour le vivant terrestre, en effet, la question « Le courant
                  passe‑ t‑il ? » est initiale, alors qu’en informatique, elle est finale. Dans
                  un neurone, cette question ne fait qu’en ouvrir une grande diversité
                  d’autres : Comment passe‑ t‑il ? Dans quelles proportions ? Pour com‑
                  bien de temps ? Après quel autre signal ? Toutes ces interrogations, on
                  peut les simuler sur ordinateur, mais elles ne sont pas intrinsèques au
                  circuit en silicium (sauf depuis la découverte du « memristor », une


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