Page 12 - Le grimoire de Catherine
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Reste avec nous, tu nous aideras » Je voulais  fuir, sortir de là ,sans un coup de patte
              assassin quand  soudain tout se mit à trembler . Ma tête allait éclater ! Le bourdon de
              Notre Dame se réveillait. Je fis un bond en arrière, basculai dans le vide et me retrouvai
              sur le parvis.  Ouf j’étais sauvée !

              Le  jour  s’était, pendant  ce  temps  installé,  je  pouvais  poursuivre    mes  découvertes.
              Heureusement  mes longs cils soyeux me protégeaient du soleil. J’étais, ne  l’oubliez
              pas, habituée à la lumière tamisée du musée.
              Donc je trottinais allègrement dans les rues parisiennes quand je fus attirée par un drôle
              d’objet, imposant, planté  là, au beau milieu d’une place.
              Imaginez, une grande tente drapée  dans un  tissu bleu chargé d’étoiles. Ca devait être
              un monument  important, célèbre, précieux, pour être  enveloppé avec tant de soin ! Je
              m’approchais délicatement, aucun mouvement, juste celui produit par le vent qui  tentait
              vainement  de s’y engouffrer.  J’étais face à un mystère !  J’approchai  délicatement, là
              j’entendis murmurer ! Pas question de ne pas aller y mettre mon museau, pas question
              de passer devant une nouvelle découverte !
              Je  m’aplatis  au  maximum,  il  ne  fallait  pas  que  ma  jolie  corne  torsadée    déchira  son
              paravent protecteur.
              J’en fus immédiatement récompensé. J’étais entré dans le monde des enfants, sur un
              de leurs  manèges, superbe, sentant bon le bois, décoré de dizaines de personnages
              féeriques. Il était habité par de nombreux animaux, cygnes, cochons, lapins, de clowns,
              de motos, d’avions…Je remarquais  qu’il n’y avait pas de licorne. Tous me regardèrent,
              étonnés par mon intrusion. Je  les saluai et me présentai Ils me  dirent me connaître
              puisque j’appartenais  à leur monde, celui des rêves et du bonheur.


              Les confidences s’échangèrent vite. Je leur racontais ma vie de star au musée, cela les
              fit bien soupirer. Ils me dirent que lorsque les enfants étaient là, ils étaient très heureux.
              Ils    tournaient  avec  eux  sur    des  musiques  évoquant  des  paysages  d’évasion,  ils  se
              remplissaient de leurs rires et se faisaient câlins quand les plus petits prenaient peur.
              Mais  le spectacle terminé, chaque soir il fallait panser les plaies.
              Le lapin avait un chewing-gum écrasé sur le museau, le cygne ,la peinture de son aile
              écaillée, quant  au petit singe il devait lécher, lécher sa  queue qui avait été tirée  toute
              la    journée    par  tant  d’enfants  dans  l’espoir  de  gagner  un  tour  de  manège
              supplémentaire.  Chacun  soignait  son  voisin,  racontait  ce  que  les  enfants  lui    avaient
              confié, juchés sur son dos. C’était donc cela les petits bruits que j’avais perçu.
              Ils m’invitèrent à participer à leur  ronde quotidienne. Il  y avait une place vacante, le
              vieux dromadaire était  hors d’usage. Non ! Décidément non, pas question de me faire
              abîmer  le  pelage  même  par  des  enfants  ,je  leur  avais  déjà  échappé  de  justesse
              plusieurs fois au musée  .J’en profite pour vous recommander de ne pas maltraiter les
              prochains  animaux  de  manège  que  vous  rencontrerez    au  cours  de  votre  vie.  Ne
              l’oubliez pas s’il vous plaît.
              Je pris vite congé et décidai de me mettre au vert  dès la prochaine forêt rencontrée.

              Ma galopade fut de courte durée, j’aperçus  très vite  de grands arbres aux branches
              dénudées  par  le  froid  hivernal.    Mes  sabots      découvraient  la  douceur  du  tapis  de
              feuilles mortes. Je  humai les odeurs  animales mélangées à celles des végétaux. Quel
              plaisir, j’en frémissais d’aise. J’avançais.






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