Page 13 - Le grimoire de Catherine
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J’aperçus bientôt quelques petites fleurs blanches, frémissante sous la rosée. Elles
avaient dû être trompées par un oiseau farceur qui leur avait raconté que le printemps
était arrivé ! J’évitai de les écraser.
J’eus l’idée, alors, de chercher quelques plantes magiques mettant ainsi à profit les
connaissances que m’avait transmises la Jolie Dame à la Licorne. Je ne trouvais ni
mandragore pour me porter chance ni stramoine pour chasser les mauvais esprits
éventuels.
Comme je me sentais bien, je me contentai de ramasser les champignons tapis au
pied d’un vieil arbre, des chanterelles. J’en ramassais tant et tant que je me laissai
surprendre par la nuit.
Alors que j’errai, désemparée, ma cueillette accrochée à la crinière j’aperçus deux yeux
brillants qui me fixaient.
- « Bonsoir, je me suis égarée, pouvez-vous m’aider en m’indiquant où je pourrai
dormir
- Soit la bienvenue, je suis la petite Renarde, je connais tous les bons coins, là où l’on
où l’on mange bien, là où l’on fait la fête ! De plus, je vois que ta récolte fut bonne, elle
sera appréciée. Suis-moi »
Quelle nuit ! Tous les animaux de la forêt fêtaient le solstice d’hiver. Belettes,
campagnols, biches, hiboux, rossignols, tous étaient conviés, chacun avait apporté,
qui des noisettes, qui des baies rouges, qui des vers de terre. Heureusement que
j’avais mes champignons ! Nous avons tout partagé. Ensuite nous avons formé un
orchestre, nos bâtons de pluie ont déclenché un déluge de sons célestes ! Le rossignol
a chanté, magnifiant la magie de la nuit ! Enfin nous avons soufflé des centaines de
bulles de savon, bulles qui s’empressaient d’aller rejoindre les étoiles.
Toutefois mon cœur n’était pas aussi léger que vous auriez pu le penser. J e savais
que les problèmes ne sont pas, généralement, dus aux autres mais à soi- même. Que
m’arrivait-il ? Que me manquait-il ? Et si c’était mes amis du musée de Cluny
enfermés dans notre bâtisse moyenâgeuse ? Il fallait que j’y retourne, je n’avais pas le
droit de les abandonner, de ne pas leur raconter mes découvertes. La fête terminée,
j’attendis que le rossignol se tut, laissant sa place à l’alouette et partis.
Un nouveau matin se levait, j’allais retrouver mes vieilles connaissances. Nous allions
partager mes aventures, respirer ensemble un vent nouveau dans notre bonne vieille
salle climatisée. Cela me donnait des ailes, j’étais devenue Pégase dans les rues de
Paris. Je ressentis bientôt envie de chanter ! J’inventais vite quelques couplets :
« Hello ! Mes amis, de laine et de lin
Ouvrez vos bras et vos pattes
je vous dirai des chimères
Et les secrets de Notre Dame
Hello ! Mes amis, de laine et de lin
Ouvrez vos bras et vos pattes
Je vous dirai les fêtes foraines
Et les mystères des manèges
Hello ! Mes amis, de laine et de lin
Ouvrez vos bras et vos pattes
Je vous dirai la féerie forestière
Et les murmures des bêtes »
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