Page 255 - test
P. 255

DÉBARRASSÉ… Y A RIEN DIRE

             Ma compagne de route m’a dit en partant avec sa valise : tant
             va la cruche à l’eau que le puits déborde, que je suis resté béa,
             ne comprenant rien à ce charabia d’intellectuelle. Faut croire
             qu’elle est cruche et que ma patience a débordé. Ce qui n’est
             pas faux.

             En tout cas je ne vais pleurer le soleil de sa non présence et
             quand le chien aboie dans la cour, c’est pas bon signe. Ce
             matin,   comme   tous   les   matins   du   monde,   à   six   heures,   je
             prends mon bain qui n’amasse pas mousse est bien chaud, que
             le fameux quadrupède a déjà sa voix de ténor. Et je me suis
             dit :   un   tiens   vaut   pas   mieux   qu’une   deuxième   tournée
             d’aboiement, que je me suis levé de ma tendre baignoire, pris
             un seau que j’ai complété de mon eau, j’ai ouvert la fenêtre et
             hop   j’ai   balancé   sur   la   famille   canine   et   j’ai   doucement
             prononcé un avé Maria à l’occasion, ça mange pas de pain et
             cela fait du bien. Amen.

             J’ai   commencé   très   fort   ce   matin.   C’est   vrai,   j’avoue   (en
             souriant). Je crois que ma compagne, n’a pas apprécié cette
             énième imposition de mon acte. Elle s’est levée et m’a dit tout
             de go, les yeux dans les iris :

             — Z'au   royaume   des   z'aveugles   tu   n’aurais   pas   besoin   de
             canne ! bouffon !

             Ma patience a des limites et clac… une baffe. Onze minutes et
             dix secondes plus tard (Chronomètre Samsung en main) elle
             est   partie.   Les   femmes   n’aiment   pas   vraiment,   c’est   de
             l’embuscade   pour   assouvir   on   ne   sait   quelle   envergure   de
             possession, si ce n’est de la manipulation. Ah les femmes ! Bon
             débarras ! Une intellectuelle ce n’est pas du gâteau. Ça cogite
             sans arrêt et en plus elle zozote. Alors, je vois certains regards
             outrés   et   une   certaine   indignation   avec   ces   mots   en
             substance : noyer son chien est immoral. Je ne l’ai pas noyé, je
             l’ai lavé de sa platitude à aboyer les mêmes refrains chaque
             matin que le soleil nous donne dans sa grande bonté en moins
             de neuf secondes…

             Bon, z'allez, z'retourne au lit : quand le merle siffle en mai le
             nid à l’ouest se plaît à être douillet.
   250   251   252   253   254   255   256   257   258   259   260