Page 55 - J'aime autant te hair
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_ Non merci. Je réponds au plus vite, pour ne plus avoir à le faire.
C’est une logique.
_ Si je peux vous aider, n’avez qu’à demander.
Le garçon aux cheveux crépus, porte un tee-shirt signé 2pac, et
donne vraiment l’impression de vivre une Thug Life. Il attend patiemment
son tour. Mais…
_ Mais le problème, c’est que cette machine doit avoir une panne,
ou quelque chose de même farine. Je suis désolée, êtes-vous un client de
l’hôtel ?
_ Non pas vraiment.
Il m’observe en catimini comme tous ces jeunes pervers qui trainent
en ville, et qui veulent s’envoyer en l’air avec des mannequins, des
actrices et des hôtesses.
_ Euh ok. Bon ce n’est tout ça, mais moi j’ai du boulot. Je tente de
me défiler nerveuse.
À peine deux pas ai-je fais, qu’il parle dans mon dos.
_ Brandon et moi sommes cousins tu devrais lui dire cela. Je veux
bien le faire moi-même, mais il refuse toujours de me recevoir. Le
personnel me laisse entrer juste parce qu’on se ressemble un peu et que je
me tiens toujours à carreau quand je passe à l’hôtel.
Maintenant qu’il le dit, je remarque en effet la grande ressemblance,
chose troublante ils ont tous les deux un même nez. Je reviens sur mes
pas.
_ Cousin tu dis ? M’enquis-je sur un ton qui marque ma surprise.
Ce que je fais équivaut à marcher sur des nœuds, mais dans le journal
intimide d’Henri-Frédéric-Amiel, n’écrit-il pas : « Mes curiosités sont
flottantes. Je n’ai ni but fixe, ni plan ferme, ni ambition légitime. Il n’est
dans mes dons de savoir espérer ».
_ Son père comme qui dirait maman, était son frère de même sang,
le seul pour qui elle avait de l’affection. La version officieuse raconte
qu’il serait mort à la suite d’une maladie, mais je n’en crois pas un mot.
Mon oncle s’est suicidé raison pour laquelle Brandon a été adopté. La
voilà la vraie vérité.
Je connais cette version de l’histoire, alors je demande au garçon de
ne pas hausser le ton. Il arrive à manœuvrer la cafetière et nous dépanne.
Comment a-t-il pu faire ça en deux secondes, ce n’est pas humain.
_ Comment on t’appelle ? Je m’en vais remplir également ma tasse.
Il me suit du regard.
_ Auriol. C’est le seul prénom que j’ai, le seul qui me tienne à cœur
parce que mon oncle aussi s’appelait ainsi. Ma mère m’a donné ce
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