Page 58 - J'aime autant te hair
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_ Je n’ai jamais affirmé une chose pareille, je disais juste que vous
vouliez bien, être sa petite amie c’est tout.
Mains dans les poches, il renchérit en haussant les épaules, un air
moqueur.
Au lieu de confesser mes conjonctures à cet égard, je réponds d’un
ton léger.
_ Très bien alors ça me rassure. Bon au revoir. Dis-je nerveuse.
Les paroles de ce garçon m’accompagnent jusque dans le couloir.
‘Je dis juste que vous vouliez bien être sa petite amie ‘ forme le refrain.
Où est-ce qu’il est allé chercher une idée pareille ? Moi et son cousin,
même pas en rêve. Autant unir les loups et les chattes. Parfait métissage.
Brandon a les yeux clos quand je rentre. Sa tête repose sur son clavier. Il
dort paisiblement. J’essaie de le pincer un peu, après l’avoir appelé un
million de fois, mais il ne réagit toujours pas. Il respire sans pour autant
ronfler non plus. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? J’extrais de sa poche
une fiole contenant du diazépam. Nooon !!! J’avais déjà vu ces
comprimés quelque part, à la télé par exemple, on en parle tout le temps
dans les autopsies. Brandon serait-il un drogué ? Pourtant je jure ne
l’avoir vu pas même une fois, dans une bulle, à rêvasser comme tous les
toxicos de la ville. À moins qu’il ait une autre explication derrière tout ça.
Mais oui. Auriol vient de me dire que ses vieux démons ne l’ont toujours
pas quitté. Un enfant qui a grandi dans un milieu austère développe une
addiction pour les tranquillisants, les produits dopants et parfois même
l’ivresse. Brandon fait partie des gens qui ne dorment pas la nuit, ça ne
fait aucun doute. S’il souffre d’insomnie chronique à cause de son passé,
je crois que c’est la raison pour laquelle, il se promène avec du diazépam
dans les poches. Tout ça explique, le profond sommeil dont il est victime
en ce moment et sa moue dubitative lorsqu’il est devant la paperasse. Je
décide de ne pas le déranger, prend sur moi tous les comprimés malsains
et sors immédiatement en veillant à bien fermer la porte. Il ne faut pas
qu’on le réveil, jusqu’à ce que son corps élimine les effets néfastes du
médicament, sinon il sera sujet à des crises de nerfs. Tendu et fatigué à
l’extrême, je comprends maintenant à quoi sont dus ses sauts d’humeur.
Stella me demande ce qui passe. Apparemment, elle veut joindre le
patron. Je la rassure que tout va bien, mais que Brandon a besoin de repos.
Qu’elle ne me croit pas est une chose, la fermer cependant en est autre.
Nous regagnons ensembles la réception, pour voir si Mireille notre
réceptionniste, a reçu une commande. Elle m’assure du contraire.
Dans ce vaste chantier qu’est l’univers sans fin qui nous assujettit,
ce qui nous caractérise n’est pas tant le fait que nous ne soyons pas tous
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