Page 63 - J'aime autant te hair
P. 63
_ Je crois que Murphy vient de m’arroser suffisamment de son
urine, c’est très charmant, vraiment.
Il ironise en écartant les bras, les paumes vers le ciel.
_ Qu’est-ce que je disais, tu vois combien il peut se montrer
attachant, ça c’est de la pisse. Dan, ta veste elle bonne à foutre dans une
machine.
Je viens lui débarrasser de ses affaires, et en même temps, je ne
peux vraiment pas m’empêcher de rire.
_ Je crois que je vais le tuer ton singe. Bourdonne mon frère.
Dan se lève en reculant maladroitement, lorsque je viens reprendre
Murphy.
Quand nous finissons de manger, une heure seulement, je vois au
travers de ma fenêtre des gens discutés. Dan est monté se coucher juste
après que j’ai débarrassé la table. Le pauvre était épuisé. La conversation
dehors se fait de plus en plus houleuse. Celui qui porte un tee-shirt noir je
peux le distinguer, il s’agit de Charles. Du haut de mon appartement, j’ai
une vue dégagée sur la rue, et le réverbère posé devant chez moi, donne
un éclairage presqu’identique à la lumière du jour.
Charles fulmine en haussant le ton. L’homme avec qui il discute,
recule comme un poltron, n’osant pas le regarder en face. Je ne sais pas ce
qu’ils peuvent bien se raconter. Ni ce qui se trame. Mais tout ça risque de
se terminer en bruit de forgeron. L’autre a vraiment une allure de
photographe, son accoutrement en dit long sur le métier qu’il exerce.
S’excusant à genoux, il m’a l’air de mauvais poil. Charles le saisit par la
peau du cou pour le forcer à se remettre sur pieds. Oh mon Dieu. Je ne
rêve pas. Il vient de lui asséner un coup de poing dans la figure. Mais
Charles ne s’arrête pas en si bon chemin. Il continue de le frapper toujours
avec autant d’animosité, alors que son adversaire est au sol. Au grand
jamais je n’ai vu pareille violence. Des coups de pieds succincts sur le
haut du crane de ce malheureux, lui font perdre connaissance. Qu’a-t-il
fait cependant pour mériter un tel traitement ? Personne en vue dans la
rue. Un français va abattre un congolais dans cette terrible nuit, et je suis
là à regarder. À l’école de droit, on nous parlait si souvent de la non-
assistance à personne en danger. Mais ce bourreau n’est autre que Charles
Magnus. Comment vais-je supporter de le perdre, si jamais, il se fait
incarcérer ? Et puis Davis ne va jamais me le pardonner.
Quand son massacre prend fin, Charles crache sur celui qui git au
sol, avant de lui mettre un dernier coup de pied, toujours avec la même
violence dans l’abdomen. L’autre suffoque, il a l’air mal au point, et un
filet de sang jaillit de sa bouche. Je n’en crois pas mes yeux, que Charles
63