Page 51 - J'aime autant te hair
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Soren Kierkegaard a tout à fait raison lorsqu’il affirme que : « Dans
le vrai rapport de la prière, ce n’est pas Dieu qui entend ce qu’on lui
demande, mais celui qui prie, qui continue de prier jusqu’à être lui-même,
celui qui entend ce que Dieu veut ».
J’ignore comment témoigner de la gratitude envers le créateur, c’est
assez bouleversant. Toute ma vie je ne ferais plus que ça. Donner une
aumône, chaque fois que je verrai passer un SDF. Peu m’importe
désormais le nombre de curés qui s’embourgeoisent, le but c’est de titiller
la vierge qui habite dans les cieux. Si ce qui m’arrive maintenant ne relève
pas du miracle, laissez-moi m’intronisée reine Élizabeth d’Angleterre. Je
risque de m’évanouir à la vue de ce spectacle, au pire tomber raide morte.
La terrasse est surélevée, avec balustrade, construite sur des
poteaux fixés sur des plots béton, car le terrain est en pente. Sur une
surface de vingt à trente mètres carrés, organisée en deux espèces donc un
coin de table et un coin chaises longues, elle revêt un carrelage de pierres
reconstituées. Les Magnus au grand complet. J’ignore ce qu’ils peuvent
bien se raconter. Je m’en fou d’ailleurs. Ce qui me chavire le plus sont le
regard intense de Charles et le sourire coquin de son frère Davis. Les
jumeaux regardent dans ma direction, et pour une fois je loue le ciel
d’avoir fait de moi leur humble voisine.
Noyée dans une marée d’adrénaline, je secoue timidement la main
pour dire bonjour. À l’intention des deux frères bien sûr, mais Charles n’y
prête guère attention. Tout le contraire de son frère Davis, qui répond
immédiatement à mon salut. L’autre semble ennuyer et part se réfugier
dans la villa. Ça me parait un peu bizarre, pourtant je ne lui ai pas causé
du tort, fin pas intentionnellement.
Je ne sais plus vraiment comment redémarrer ma voiture. Il n’y a
pas que ça, pendant une minute plusieurs choses m’échappent en même
temps. J’en oublie aussi où et comment placé mes lunettes de soleil. Sans
doute à cause du fait que Davis m’a vraiment souri pour une première
fois. Et il ne s’est pas arrêté là. C’était le comble lorsqu’il a levé son bras
pour me saluer à son tour. Je vis un rêve éveillé. Mon bonheur aurait été
complet, si Charles avait manifesté un tant soit peu d’entrain également.
Quoique je ne lui en veux pas particulièrement. Il est hyper canon donc ça
e
se comprend, je lui pardonne. Et puis ne dit-on pas de lui dans la 6 rue,
que c’est un vrai renégat ? Vous voyez, c’est dans sa nature d’ignorer les
gens.
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