Page 170 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
Comble du paradoxe, alors que Hadj Bettou, un civil
arrêté pour une supposée affaire de port d'anne sans auto--
risation, a été livré à la justice militaire, un officier qui
assassine le chef de l'État dans l'exercice de ses fonctions
est jUllé par un tribunal civil!
A ma connaissance, le général-major Mostefa Ben-
loucif était en retraite, donc civil, quand il fut traduit
devant le tribunal militaire pour détournement de deniers
publics. Pourquoi ne l'a-t-on pas jugé devant une juridic-
tion civile? Avant sa lihération par le président Zeroual,
il a bien purgé sa peine à la prison militaire de Blida.
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner pourquoi
Bournaarafi est pris en charge par l'appareil judiciaire
civil. Il suffit de suivre les nominations du personnel diplo-
matique dans les représentations algériennes à l'étranger
au cours des semaines qui ont suivi la parodie de procès.
Le procureur général du tribunal d'Alger, Abdelarna-
lek Sayah, a été nommé consul d'Algérie à Tunis. Trois
ans plus tard, au lieu de rentrer au pays comme tous les
diplomates ordinaires, il était affecté à Bordeaux. Qui a dit
que la justice est indépendante en Algérie? Depuis quand,
un magistrat se convertit-il du jour au lendemain en diplo-
mate?
Dans un pays où le directeur de publication d'un jour-
nal indépendant est condamné à la prison pour la publica-
tion d'un article commis par un de ses journalistes ou par
un lecteur, aucun des responsables hiérarchiques de l'as-
sassin du président n'est inquiété. Aucun d'entre eux n'a
même songé à présenter sa démission, ne fût-ce que pour
la forme.
Rencontré à son domicile quelques jours après le
meurtre, le général Mohanuned Betchine, ancien patron
des services de sécurité, n'arrivait pas à expliquer toutes