Page 175 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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règne du mensonge 173
Dénoncer un général du régime et étaler ses méfaits
en public, même preuves à l'appui, vous fait aussitôt cata-
loguer d'agent de la France, ou de n'importe quel pays
étranger. Accuser un général ou un ministre, si ce n'est
pas prévu dans un plan de la guerre des clans, vous fait
passer pour « un ennemi de la pire espèce de l'Algérie, de
sa glorieuse révolution, de son héroïque peuple et de sa
clairvoyante direction ».
Aux yeux de ses gouvernants, l'Algérien, qui vit au
quotidien le mépris, la promiscuité, le chômage et la pau-
vreté est un éternel mineur, incapable de réfléchir, de réa-
gir et de se soulever contre la politique d'exclusion, sans
être manipulé. Bien qu'ils lui recoJUlaissent un côté révolu-
tionnaire et patriote quand il s'agit de le mobiliser pour
des actions qui arrangent les affaires du régime (élections,
référendwns, ponctions sur les salaires, etc.), ils ne peu-
vent démordre de cette idée que l'Algérien n'a pas le droit
de se révolter contre leur politique et leurs méfaits. Il doit
toujours être docile, asservi et silencieux. La moindre
révolte contre l'ordre établi est assimilée à « un complot
ourdi contre la nation »).
En 1982, lorsque des manifestations ont éclaté à Sétif
contre les abus de Khelifa Bendjedid, frère du président
de la République, personne o'a osé remettre en cause la
mauvaise conduite du wali dénoncé par les manifestants.
Les rapports de la police et des services de sécurité s'échi-
naient à trouver la trace des « manipulateurs », à la suite
d'arrestations totalement arbitraires. Il en est allé de même
à Constantine, quand la population s'est soulevée contre
les agissements de l'un des enfants de l'ancien Premier
ministre, Abdelghani.
Combien d' honnêtes citoyens ont été arrétés, torturés
et parfois jetés aux oubliettes de Bordj Driss pour avoir
exprimé, en public ou dans des réunions privées, leur sentl-