Page 178 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

     Je l'ai très bien connu. Plein d'humilité, il était très
respectueux de ses collaborateurs et de ses subordonnés, à
l'écoute de ses officiers et sous-officiers, issus des diffé-
rentes régions du pays et des couches sociales les plus
populaires. Je ne l'ai jamais entendu prononcer une grosa
sièreté, comme c'est le cas de nombreux officiers supé-
rieurs. Un homme de cette envergure ne pouvait s'abaisser
à participer au jeu des clans. Dès 1987, il s'est démarqué
de ceux qui se faisaient la guerre autour de Chadli. Une
année plus tard, il était limogé.

      Les décideurs voulaient lui faire endosser la responsa-
bilité des événements d'octobre. Nezzar l'avoue dans ses
Mémoires. En réalité, le général Lakehal Ayat a payé son
refus de coopérer avec la DGSE française, comme cela lui
avait été recommandé par la présidence de la République.
Il préférait travailler avec la DST, puisque cette structure,
chargée du contre-espionnage sur le territoire français, ne
pouvait refuser d'accéder aux demandes algériennes. La
DGSE, en revanche, avait toute latitude de se placer en
position de demandeur, sans rien donner en échange aux
setviees algériens, sous prétexte que sa mission d'espion-
nage à l'étranger ne lui permettait pas de savoir ce qui se
passait en France.

      Ce refus de coopérer n'affectera en rien la DGSE,
puisque la présidence de la République, tenue en laisse par
Larbi Belkheir, avait confié le dossier à un haut cadre de la
Sonatrach, la société pétrolière, marié à une ressortissante
française dont le père était un retraité de la DGSE. Les
services algériens le récupéreront après le départ de
Mohammed Betchine, successeur de Lakehal Ayat
Mejdoub.

      Né en novembre 1938 à Constantine, Betchine arrive
avec une réputation de fonceur. Nous l'avons surnommé
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