Page 221 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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syndicat du crime  219

leurs chefs, qui servent de relais aux parrains, et celui des
terroristes .

     C'est pourquoi je me refuse à assimiler leur dévoue·

ment et leur engagement dans la lutte antiterroriste à la
lâcheté des généraux, à l'image d'un Khaled Nezzar rasant
les murs de Paris jusqu'au Bourget, et passant une nuit
blanche sous la surveillance de la DST en attendant le
décollage de l'avion privé qu 'on lui a envoyé d'Alger pour
le rapatrier in extremis.

      Si l'Algérien ne cesse de se plaindre de la hogra,
celle-ci n'est pas le fait du policier, du gendarme ou du
militaire. Eux aussi la subissent de la part de leur hiérar-
chie, et ne font que la répercuter. Ce sont des citoyens
comme les autres. Ils vivent les mêmes conditions de
misère et de pauvreté que le commun des Algériens.

     Je me souviens de ce policier qui, en 1986, était
chargé de faire évacuer les habitants des bidonvilles de
Belcourt. Dans le cadre de l'éradication de l'habitat pré-
caire, le pouvoir avait décidé que tous les habitants des
bidonvilles de la périphérie d'Alger devaient retourner
dans leur région d'origine. En rentrant le soir dans son
bidonville de Zéralda, il a découvert que sa famille avait
été évacuée en son absence, dans les mêmes conditions
que celles qu'il venait de faire subir aux autres. Il s'est tiré
une balle dans la tête.

     Dans le cadre de la lutte antiterroriste, policiers, mili-
taires et genciannes vivent dans les mêmes conditions que
leurs ennemis. Eux non plus ne peuvent pas rentrer chez
eux le soir pour retrouver la chaleur familiale. Ceux qui
ratissent les maquis souffrent du froid, de la faim et des
mauvaises conditions de vie, et flirtent avec la mort sans
discontinuer.

      Pendant que ces enfants du peuple se livrent bataille
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