Page 219 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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conscience de l'horreur de leurs actes, ces policiers, tous
de jeunes recrues, ont développé un véritable syndrome
psychiatrique. Les bourreaux sont devenus victimes. Mais,
depuis le début, ils sont victimes d'un système mafieux
qui ne peut que s'abreuver du sang d'Algériens. Le sys-

tème des généraux frappés, eux, par « le syndrome de l'im-
punité». Ecœurés par les méfaits des généraux mafieux,
certains officiers se sont rebellés. Chacun à sa manière. À
tort ou à raison.

     En 1994, un commandant de la marine a déposé une
bombe dans les toilettes du mess des officiers du ministère
de la Défense. Qui auraient été les victimes de sa bombe
si elle avait explosé? Sûrement pas les généraux.

     Le capitaine Zemani, pilote d'hélicoptère, s'est
rebellé lui aussi, en sacrifiant une carrière qui s'annonçait
brillante. Le 5 juillet 1993, jour de la célébration de la
Fête de l'indépendance, il a décollé à 6 heures du matin et

bombardé le poste de commandement de la base d' Aïn
Amat, tirant soixante obus en signe d'adieu à ses cama-
rades.

      Quelques jours plus tard, son appareil fut retrouvé
dans une ferme à Ramdane Djamel, du côté de Skikda.
Mais aucune trace de lui. Il devait passer commandant au
mois de novembre, et partir en stage aux États-Unis au
mois de décembre. TI n'avait aucun lien avec les inté-
gristes. Mais, d'après ses camarades d'escadron, il ne sup-
portait plus de bombarder des zones habitées par des
populations civiles. Il avait déjà refusé de le faire, dans

la région de Blida. Ce 5 juillet, il devait participer à un
bombardement dans la région de Jijel, dans l'est du pays.

      Alors que lui a tout perdu en refusant de bombarder
une zone où se trouvaient des éléments de l'AIS, ceux
qui devaient subir le déluge de feu de ses obus jouissent
aujourd'hui de l'impunité grâce aux accords passés avec
le général Sman.
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