Page 217 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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syndicat du crime 215
Malgré leur inquiétude en ne le voyant pas rentrer,
ses cousins ont dû attendre le lever du jour pour partir à
sa recherche. Ils se rendent d'abord à la caserne qui se
trouve à proximité de leur cité pour donner son signale-
ment. L'officier de permanence leur confinne son passage
de la veille, et leur recommande d'aller au commissariat
de police du quartier. Arrivés sur place, ils sont soulagés
d'apprendre qu'il est «en bonnes mains et en sécurité ».
Un policier appelle : « Sarnir !... Il esl là ?
- Oui, je suis là ! », répond le jeune homme.
Ses cousins remettent au pennanencier ses papiers et
ses habits et rentrent chez eux, rassurés par la promesse
des policiers de le libérer après son audition. « Une audi-
tion de routine, pour justifier la nuit passée au cornmissa·
rial », leur a-t-on dit. Ils attendent toute la journée. Toute
la soirée. Toute la nuit. En vain.
Le lendemain matin, ils se présentent au commissa·
riat, où on leur promet une nouvelle fois : « Il sera relâché
dans un petit moment.» Dans l'après·midi, ne le voyant
pas rentrer, ils retournent s'enquérir de son état. « li n'y a
pas lieu de s'inquiéter. L'officier qui doit l'auditionner
n'est pas encore arrivé. Il rentrera bientôt. » Les cousins
regagnent encore une fois leur domicile avec la certitude
de voir Sarnir les rejoindre dans un petit moment... lis l'at·
tendront toute la nuit.
Au matin du troisième jour, ils sont de nouveau au
commissariat. Et là, un jeune officier leur répond sèche·
ment : «Non, on ne connaît pas de gars répondant à ce
nom. » Ses cousins s'accrochent, expliquent que, la veille,
on leur a dit qu'il était là. Imperturbable, le policier les
renvoie comme des malpropres en se faisant menaçant.
Devant leur insistance, un policier en civil apparaît et
lance: « Allez voir à la morgue de Bologbine s'il y est. »
Ses cousins n'en croient pas leurs oreilles. L'ordre, car
c'en est un, leur est répété avec aplomb.